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- Affaires municipales -

Saint-Ignace : pénurie de domiciles

Guy Paquin

 Albert Santerre, maire de Saint-Ignace (photo : Municipalité de  Saint-Ignace-de-Stanbridge)

Albert Santerre, maire de Saint-Ignace-de-Stanbridge depuis 1985, a déposé sa déclaration officielle de candidature. S’il « rempile », c’est que d’après lui, il reste du travail à faire.

« Deux dossiers retiennent mon attention. Premièrement, nous faisons face à une pénurie de domiciles. La demande dépasse l’offre disponible. » C’est que, comme dans bien des municipalités rurales du Québec, après une déperdition accentuée de population, Saint-Ignace se relève petit à petit. Si la population est tombée de 821 à 621 de 1985 à 2008, depuis cette dernière année on assiste à une remontée. En 2013, il y a 650 personnes au village. Et bien sûr, ils cherchent à se loger.

« Ce sont de jeunes familles, des couples et des enfants, descendants des agriculteurs d’ici. Ils sont installés sur la terre mais veulent vivre chez-eux. Oui, mais où ? »

Le problème est double : manque de logements déjà construits et manque d’espace où en bâtir de nouveaux. « Nous ne voulons pas empiéter sur les terres désignées comme vouées à l’agriculture. Il faut trouver ailleurs. »

Ailleurs, c’est d’abord les îlots déstructurés, ces « racoins » de terres à peu près impropres à l’agriculture moderne, trop petits, trop isolés ou mal enclavés. Un programme provincial soutenu par la MRC a identifié 10 de ces îlots à Saint-Ignace. « Nous sommes, au conseil municipal, à achever l’harmonisation de nos règlements avec ceux de la MRC. C’est la dernière étape avant la transformation réelle de ces terres en domiciles. »

Santerre s’attend à ce qu’un autre programme provincial, celui qui désigne certaines parcelles comme « lots distincts », aboutisse à produire aussi des lopins de terres aptes à recevoir de nouveaux domiciles. « Idéalement, 10 autres nouveaux. Mais ça n’ira pas tout seul. Va falloir pousser pas mal. »

Région unie contre la dévitalisation

Albert Santerre a un atout en main contre la dévitalisation qui menace ces villages qui perdent peu à peu leur noyau dur : l’école, l’église, la Caisse Pop, le bureau de poste, etc. Il compte sur ses voisins. « Regardez la carte. S’il y a une municipalité qui est relativement peu affectée par la perte d’un service ou l’autre, c’est la nôtre. Nous vivons à l’intérieur d’un triangle dont les trois sommets sont Farnham, Bedford et Cowansville. Pour beaucoup d’entre nous, la ville et ses services, école, banque, aréna, etc., sont à 10 minutes de la maison. »

Cela veut-il dire qu’il vampirise ces trois villes ? « Absolument pas ! C’est totalement à l’envers de l’esprit de collaboration qui m’anime. Je suis un homme de région ! On n’arrive pas comme un quémandeur qui veut tout sans faire sa part en échange. Les villes ne sont pas des vaches à lait. C’est donnant-donnant. L’esprit de profiteur, c’est contre-productif. »

La municipalité offre déjà une subvention aux loisirs qui permet aux enfants d’avoir accès à des installations sportives en milieu urbain voisin. « Nous allons jusqu’à 100 $ par enfant. Mais nous savons tous comment le coût de ces accès grimpe vite. Devons-nous faire suivre la subvention ? Le 11 octobre je convie les citoyens, et je leur poserai la question. »

S’agissant de loisir, le maire Santerre constate une certaine désorganisation à Saint-Ignace dans ce domaine. « Le conseil a embauché une personne à temps partiel (environ 15 heures par mois) pour réorganiser le service des loisirs. Et à court terme, répondant à la demande de nos aînés, nous avons aménagé une piste de pétanque et un jeu de fers. »

Et pour revenir aux fermetures de services, Saint-Ignace a fait preuve d’ingéniosité quand, par exemple, elle a perdu sa Caisse Pop. La municipalité l’a acquise et y a logé le bureau municipal et la bibliothèque. « On a vendu le bureau, qui est devenu un nouveau domicile. Quand l’école a fermé, elle s’est transformée en maison d’appartements. On perdait l’école, c’est modérément grave, compte tenu de la proximité des trois villes. Par contre, 11 nouveaux logements dans l’ancienne école, c’est une très bonne nouvelle. »

Albert Santerre veut donc continuer sa tâche. « Je veux servir encore mes clients, ma population. Et je veux être là quand nous allons, en 2014, fêter nos 125 ans. J’aimerais en profiter pour donner un bon lifting à notre centre communautaire dont les 26 ans d’âge commencent à paraître. Et j’estime que l’esprit de collaboration dans notre région peut nous faire faire encore du chemin dans bien des dossiers. »