ESTHER MIQUELON : SUIVRE SON CHEMIN
Chaine d’artistes
Mylène O’Reilly
Ai-je besoin de vous la présenter ? On connait Esther par ses spectacles de chansons, où se mêlent interprétations et compositions personnelles teintées de sa sensibilité, de sa douceur, de son intensité. Ce que je trouve unique chez elle, c’est sa grande générosité, envers ceux qui l’accompagnent, envers ceux qui l’écoutent.
Dès le début du spectacle, la table est mise rapidement pour nous mettre à l’aise. Elle installe un climat convivial, amical, intime. C’est cette ambiance qui lui permet de se présenter sans fard, sans barrière, sans limite. Être authentique sur scène, cela demande un tour de force de sensibilité et c’est contagieux comme un rhume de février. Ça nous transporte dans un confort rempli de chaleur où tout est dénué de jugement, où tout est possible. « Le coeur, large comme la terre », elle le propage à la pièce entière.
C’est dans ce contexte qu’Esther interprète des chansons choisies avec son coeur et s’y donne toute entière. Elle nous fait entrer dans une zone d’émotions, où tout est permis, et ça fait du bien, ça soulage ; notre « âme s’en balance, sur une corde raide, elle danse ». Porte grande ouverte, elle entre en contact, partage des brides de vie qui ont inspiré ses choix de chansons, ses compositions. On est témoin de son processus de création, d’une partie de son intimité. Son répertoire est vaste et se renouvelle de spectacle en spectacle : chansons françaises, québécoises, espagnoles… Je suis toujours étonnée des risques qu’elle prend, des défis qu’elle se donne, s’attaquant parfois à des monstres sacrés qu’elle apprivoise à sa manière, sans les dénaturer, en respectant tout juste le bon équilibre.
Son imagination aussi est vaste, on le reconnait dans ses paroles, où le moment présent domine, les prises de conscience d’une réalité sans merci, la beauté qui nous entoure malgré tout. Elle souligne la magie des moments ordinaires qui donne tout un sens à la routine, des « moments éternels [où] ils nous poussent des ailes ». Elle rend le quotidien merveilleux et poétique, l’espoir y abonde et nous fait croire que « demain sera parfait ». Elle dit : « Jour après jour, je fais ce qui me conduit à bien vivre. La musique et la chanson font partie intégrante de mon quotidien ». On le sent, avec elle, on le vit. Livrées tout naturellement, dans un langage collé aux émotions, ses paroles me rappellent l’essentiel : « Tu es mon matin, mes désirs, mon parfum, mon sourire ». Très près des sens, près de la terre. L’accent est mis sur ce que l’on ressent, et on le prend à bras grands ouverts, avec des « bottes de plumes [qui nous] aideront à survoler les fonds ».
Les émotions transcendent aussi par son jeu de piano, compagnon d’enfance, passant d’une berceuse intense à une joie qui saute et gambade, comme un matin d’école buissonnière. Et lorsqu’elle tend la main vers son accordéon, les rêves s’éveillent et la réalité devient plus douce. Au-delà des mots, sa musique communique et nous colle directement à la peau.
Esther me surprend encore quand elle me parle de mise en scène, les yeux pétillants. Le théâtre refait surface, la démange, elle en parle, elle y revient. Je comprends maintenant à quel point elle aime faire le tour de tout ce qui touche le spectacle. Elle multiplie les projets qui prennent toutes sortes de tangentes, tournant autour de la musique, la chanson, la lecture publique, le théâtre, la comédie musicale. Esther est ouverte à tout ça, dans un même show. Pourquoi pas ?
À la fin d’un entretien autour d’un café, où nous avons parlé de tout sauf d’un article à écrire…, je lui ai demandé ce qu’elle souhaitait pour le futur. D’autres mises en scène, un nouveau CD, donner une classe de maître en chant, théâtre, comédie musicale, qui je crois, se concrétisera bientôt. L’appel est lancé, si vous êtes intéressés à vous surpasser…
Fidèle à elle-même, le parcours d’Esther s’est fait naturellement, au gré de ce qui l’inspirait sur le moment, là où elle voulait être, à suivre son chemin : cégep en exploration théâtrale, école de la chanson de Granby, artiste en résidence au théâtre de La Marjolaine, premier CD, Grand rire jaune de Lune, première apparition à la Place des Arts. Puis le hasard a fait qu’elle s’installe à Dunham avec son piano, sa guitare et son accordéon, parcourant les Cantons de l’est au gré des évènements de la région.
Elle conclut en disant : « Je me souhaite d’avoir cette force, cette passion qui m’amènera à continuer sur ce chemin. À le vivre, pour moi d’abord, et pour bien le partager par la suite. » Merci pour l’inspiration, Esther Miquelon !