Tel que promis lors de la rencontre À mort le phosphore ! avec les candidats de la circonscription lors de la campagne électorale fédérale de 2015, Le Saint-Armand suit de près le dossier des cyanobactéries dans la baie Missisquoi. Où en sommes-nous aujourd’hui, alors que le printemps est à nos portes ? Et que pouvons-nous espérer pour l’année en cours ?
Pour répondre à ces questions, Le Saint-Armand s’est entretenu avec notre député fédéral, Monsieur Denis Paradis.
« Il faut absolument passer à l’action ! » annonce-t-il d’emblée. On ne veut plus financer des études pour comprendre l’ampleur de la situation. « C’est de la soupe aux pois » s’indigne-t-il, visiblement alarmé par l’état catastrophique de l’eau de la baie.
Il faut donc agir. Seulement, les solutions manquent. À court terme du moins. Si nous connaissons désormais l’importance de l’élargissement des bandes riveraines, d’un traitement rigoureux des eaux usées et d’un usage réglementé du phosphore (bien qu’à ce sujet le silence du gouvernement Couillard soit total), Monsieur Paradis admet qu’il est, de même que son adjoint spécialement affecté au dossier des cyanobactéries, toujours à la recherche d’un traitement choc qui pourrait permettre d’amorcer l’assainissement de la baie.
Malgré tout, celui qui s’est fait élire en martelant qu’il revenait en politique « pour sauver les deux grands lacs de la circonscription », ne désespère pas et précise les étapes à venir.
D’abord débloquer des fonds qui permettront de financer la prise en charge de la situation. À ce titre, soulignons que le budget fédéral du 22 mars dernier annonçait un investissement de 2 milliards de dollars sur 4 ans pour l’amélioration immédiate des infrastructures de distribution de l’eau potable et de traitement des eaux usées (rappelons que les villes de Phillipsburg et de Bedford, entre autres, s’approvisionnent en eau potable directement dans le lac Champlain).
Ensuite, réviser les programmes de la Commission mixte internationale (organisme canado-américain qui gère les eaux transfrontalières). Le traité sur les eaux limitrophes date de 1909, regrette Monsieur Paradis en insistant sur l’importance d’une étroite collaboration avec nos voisins du sud. Bonne nouvelle à ce sujet, le budget de 2016 propose d’octroyer 19,5 millions de dollars sur 5 ans à la Commission mixte internationale afin que le Canada soit en mesure de verser des fonds équivalents à ceux des États-Unis pour « étudier » les nouveaux enjeux des plans d’eau frontaliers. Le lac Champlain y est d’ailleurs spécifiquement mentionné.
Enfin, admet Monsieur Paradis, il faudra trouver des solutions efficaces à court terme. Pour ce faire, notre député mentionne qu’il est prêt à considérer toutes les propositions qui seront sur la table. Parallèlement, il faudra aussi assurer la mise en branle effective des solutions à moyen et long terme mentionnées ci-dessus.
Donc, au moment d’écrire ces lignes, on peut dire que tout reste à faire et que le combat contre les cyanobactéries est loin d’être gagné. Sur le terrain, on pourrait même dire que la lutte n’est même pas commencée. Certes, la volonté de M. Paradis de contribuer significativement aux efforts pour améliorer la situation ne fait aucun doute. Mais une ombre plane sur le tableau. En effet, le 21 mars dernier, on apprenait que le Fonds d’aide aux projets de l’Organisme Bassin Versant de la Baie Missisquoi (joueur clé dans le dossier des cyanobactéries au Québec) a été aboli en raison des coupures dans le programme de sensibilisation aux algues bleues par le gouvernement du Québec. Encore une fois, au moment où tous les paliers de gouvernance semblaient prêts à travailler ensemble, l’un d’eux fait faux bond et se désengage. Encore une fois, les initiatives de l’un sont contrecarrées par l’inaction de l’autre, et le problème, bien réel pourtant, glisse sur le terrain politique. Et, encore une fois, on assiste à la détérioration ininterrompue de nos plans d’eau.
Si le « mouvement environnemental a échoué » comme l’a récemment laissé entendre David Suzuki à l’issue de plus de 40 ans de militantisme, c’est peut-être justement parce que trop souvent « nous oublions que nous faisons partie de la nature ». Ainsi, avant même de passer à l’action, il faut longuement sensibiliser, informer et convaincre. Et souvent, à cause de politiques contradictoires, ce travail est à refaire avant même d’être achevé. Pendant ce temps, les problèmes s’aggravent et chaque génération lègue à ses enfants un monde « pire, bien pire » que celui qui l’a vu naître. Néanmoins conclut Monsieur Suzuki, s’il est vrai qu’il est tard, il n’est pas trop tard pour agir.
Le dossier des cyanobactéries mérite d’être suivi de près. Vous trouverez donc, cet automne, dans les pages du Saint-Armand, un compte-rendu des initiatives entamées au cours de l’été 2016 pour améliorer l’état de la baie Missisquoi.
Note de la rédaction
Nous apprenons en dernière heure que l’Organisme Bassin Versant de la Baie Missisquoi a trouvé les moyens de financer ses activités en 2016, malgré les coupures annoncées plus haut. Nous vous rendrons compte, dans le prochain numéro, du plan d’action de l’organisme pour la période 2016-2017.