Dans son dernier numéro, Le Saint-Armand publiait un reportage « coup de gueule » du photoreporter Robert Galbraith de Philipsburg sur la santé du lac Champlain. Comme on pouvait s’y attendre, cet article a fait quelques vagues. Bien que la plupart des lecteurs l’aient jugé « dur, mais pertinent », certains estiment qu’il était déplacé et inapproprié, principalement des agriculteurs et des employés du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, qui se sont sentis injustement visés par les propos de l’auteur.
Quant à nous, de l’équipe de ce journal, nous pensons qu’il faut oser aborder franchement des dossiers aussi importants que la santé de nos cours d’eau puisqu’ils ont une incidence énorme sur notre environnement, sur notre qualité de vie, sur la santé publique et sur les possibilités de développement social et économique du territoire que nous occupons. Non pas dans le but de désigner des coupables, mais pour inciter tous les acteurs concernés à redoubler d’efforts. Parce que c’est la seule voie de salut.
Nous ne sommes ni alarmistes ni pessimistes mais, comme la majorité d’entre vous, nous rêvons d’un monde meilleur et d’un lac et de rivières en bonne santé. À notre avis, il est raisonnable de croire qu’un tel rêve peut se réaliser si l’on s’en donne la peine et si l’on accepte de regarder la réalité en face.
C’est pourquoi, au cours des prochains numéros, nous nous pencherons sur l’état de santé actuel de la baie Missisquoi et des cours d’eau qui s’y déversent : le diagnostic qu’ont prononcé les experts qui se sont penchés sur le patient depuis quelques décennies, les plans de traitement qui ont été prescrits par les autorités afin de remédier à la situation et les résultats obtenus à ce jour. Vous découvrirez, dès le présent numéro, que le patient se porte plutôt mal, qu’il reste encore beaucoup à faire pour le sauver et qu’il faut bien admettre que, malgré les efforts déployés, les objectifs thérapeutiques n’ont pas été atteints. Nous ne publions pas ici des articles d’opinion sur la question ; nous dévoilons des faits relativement peu connus du public, mais très bien documentés.
Bien sûr, il serait inutile et contre-productif de baisser les bras et de déclarer le patient perdu. Il faut au contraire regarder la vérité en face et agir, exiger de nos autorités qu’elles réexaminent d’urgence leur plan de soins et entreprennent un traitement de choc. Il en va, à court terme, de la santé de nos lacs et de nos rivières et, à plus long terme, de notre survie pure et simple. Cela nous concerne tous et l’équipe de votre journal est déterminée à diffuser honnêtement la vérité à ce sujet.