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Relancer la tortue molle à épines

Entrevue avec Patrick Paré
Guy Paquin

« Bonjour Patrick. J’arrive de chez Suzette. »

« Bonjour Guy. Comment va-telle ? »

« Peut pas aller mieux. Bourrée aux grillons. Mais elle me dit que dans son milieu naturel, autour de la baie de Missisquoi, c’est moins drôle. »

« C’est vrai. Il faut dire que la tortue molle à épines ne survit, comme espèce, au Québec, que près de chez-vous, dans la baie, à Clarenceville et dans le delta de la rivière aux Brochets. Et là, elle est officiellement désignée comme espèce menacée. »

« Les ratons-laveurs ? »

« Oui, mais pas seulement. L’empiètement des activités humaines sur ses lieux de ponte la menace. L’agriculture intensive, le rétrécissement des bandes riveraines ont des effets dévastateurs sur le taux de succès des pontes. Dans son milieu naturel, de 2003 à 2010, seulement 28 % des oeufs ont donné des bébés tortues. La moindre montée des eaux, dans ces rives amincies, détruit les oeufs. On a alors décidé de leur donner un coup de pouce. »

« Vous incubez les oeufs ici, au zoo de Granby, dont vous êtes directeur de la recherche et de la conservation. »

« C’est ça. Et ça marche. On a un taux de succès de 83 %. Alors, 48 heures après leur naissance, on retourne les petites tortues dans leur milieu. »

« Et elles survivent ? »

Deux nouveaux programmes

« On va le savoir grâce à un nouveau programme. Pour 2014/2015, on va attendre 11 mois avant de les retourner chez-elles. Elles seront alors assez grosses pour porter une petite puce émettrice grâce à laquelle on va pouvoir les suivre et connaître leur sort. »

« Est-ce que les tortues molles de la rivière aux Brochet, celles de Clarenceville et celles du Vermont sont cousines ? »

« On va le savoir aussi parce qu’un autre nouveau programme va nous le dire. L’Université de Montréal va examiner leurs gènes et répondre à cette question. »

vol12no3_dec_2014_janv_2015_9Emblème faunique régional

« Pour les protéger, vous aurez besoin de la collaboration des riverains. »

« C’est sûr. Nous voulons faire reconnaître Suzette et ses parentes comme emblème faunique de votre région. Ainsi, avec l’appui de la population régionale, nous pourrons lancer des programmes favorisant le redressement de leur environnement et la protection de la biodiversité. Suzette, en tant qu’emblème faunique, va donc nous aider à trouver l’argent pour y arriver. Suzette va favoriser l’engagement citoyen et nous espérons que ces actions amèneront un intérêt renouvelé pour toute votre région. On croit que Suzette peut favoriser l’écotourisme chez-vous. »