Karen Crandall, Normand Litjens, Caroline Rosetti, Jennifer Merner, Daniel Boulet, Marie-Hélène Croteau, Dany Duchesneau, Glenn Guthrie
Dans le passé récent, on a connu, autour de la table du conseil municipal de Saint-Armand, une ambiance aussi dysfonctionnelle que celle qui empoisonne actuellement la famille royale britannique : rivalités sans pitié, inimitiés tenaces, désaccords constants, bref, de quoi paralyser le fonctionnement du groupe d’élus. Avec, pour résultats que des décisions essentielles pour les citoyens n’arrivaient que rarement à leurs oreilles.
L’excellente nouvelle, c’est qu’on n’en est plus là. Il y a fallu des efforts ainsi que la réforme du fonctionnement du groupe de conseillers et de la mairesse en 2022. D’ailleurs, quand je demande à Caroline Rosetti si 2022 a été une année de reconstruction, elle réfléchit une seconde et répond bien clairement : « Oui ! ».
Pareil quand je lui demande si l’ahurissante succession de directrices et directeurs généraux qu’on a connue a été le résultat de ce chamaillage. « C’est certain qu’une ambiance semblable se reflète sur les employés, à commencer par le ou la DG. On ne peut s’attendre à ce que notre personnel fonctionne sur des roulettes quand c’est la pagaille au conseil. »
Alors, en quoi consiste cette reconstruction ? « La première chose qui nous a permis de sortir du fouillis, c’est que nous avons un conseil tout nouveau, avec des personnes qui n’arrivent pas à la table chargées d’acrimonie. Je n’essaierai pas de vous faire accroire que nous pensons à l’unisson. Les désaccords existent sur tel ou tel point, mais ça ne vient pas corrompre le reste du travail. »
« Au cours de l’année 2022, poursuit la mairesse, nous avons appris à nous faire confiance les uns les autres. Si on crée un comité de deux ou trois élus et que nous lui donnons un mandat clair, les autres conseillers ont cessé de vouloir à tout prix regarder par-dessus l’épaule des mandatés. C’est pareil avec la directrice générale. Nous comprenons bien plus clairement le territoire qui est le sien et, surtout, on a cessé de l’envahir à tout propos. »
Miracle, Marie-Hélène Croteau, la directrice, est toujours en poste. Depuis 2017, elle est la septième personne à occuper la fonction. Comptez-les : après le départ de Jacqueline Connolly en 2017, on a eu Paul MC Keogh, Jean-Charles Bellemare, Martine Loiselle, Louise Sisla-Héroux, Serge Cormier et Michèle Bertrand. C’en était rendu qu’à chaque fois que j’interviewais un maire des alentours, il m’accueillait en me disant, goguenard : « Pis, vous avez encore perdu votre DG ? »
La reconstruction dont parle Caroline Rosetti a consisté surtout à cesser, le souligne-t-elle elle-même, de confondre gestion et politique. Ceci fait, on a mis de l’ordre dans les dossiers en cours et on les a numérotés, ce qui facilite grandement leur consultation par les élus ou les citoyens… ou les journalistes. Finalement, on a créé un fonds pour y déposer les économies de la municipalité, un petit cochon qu’on remplira de ce qui se nomme les surplus non-affectés.
Réalisations récentes
Si le conseil est devenu, je ne dis pas unanime, mais au moins cohérent, cela a permis de faire avancer certains dossiers en 2022. Par exemple, une moitié de la station communautaire de la rue Philips a été louée à la firme Livingston, un courtier en douanes, qui paie 1 200 dollars de loyer par mois pour l’an 1 en cours, lequel montant sera indexé en l’an 2.
En juin, on a aussi obtenu des subventions à hauteur de 250 000 dollars, à quoi Saint-Armand ajoute 50 000 dollars pour refaire le chapiteau Père-Loup : on redessine le terrain de baseball, on réaménage la cantine (regarder une partie de baseball sans hotdogs est illégal ; c’est écrit dans la Constitution du Canada… non ?), on refait la patinoire et on construit des gradins pour les spectateurs.
Le 9 janvier 2023, on a donné les mandats aux compagnies qui vont construire la marquise de notre gare municipale, le dernier bout de la réfection entreprise sous Réal Pelletier. La décision est prise d’agrandir le garage municipal. Cela doit se faire cette année. Finalement on a déjà engagé la moitié des fonds relatifs au plan triennal de 2022.
La municipalité a amorcé une sérieuse revue de ses pratiques comptables et l’ajustement à la hausse des tarifs (aqueduc, égouts, collecte des déchets, etc.), de 8 % en 2023, a permis d’envisager l’avenir avec le sentiment d’avoir un peu plus les moyens de ses ambitions même si, politiquement parlant, c’est une mesure impopulaire.
« Il y avait un énorme rattrapage à faire et on l’a fait, affirme Caroline Rosetti. Ce qui va aussi nous aider, c’est l’arrivée de 34 nouvelles familles. Ces nouveaux arrivants ont acheté des logis déjà construits. Nous avons également décidé d’affecter le retour d’argent touché par la municipalité quand elle achemine ses détritus de la manière recommandée. Le retour est annuellement de 67 000 dollars et nous replaçons 50 000 dollars de cette somme dans des efforts visant à diminuer les frais de collecte. » Cela fait partie de mesures à venir pour inciter les gens à produire moins de déchets.
À venir
À quoi s’attendre au cours des cinq prochaines années ? « La MRC, répond la mairesse, a lancé une étude exhaustive de l’état des routes dans le comté. Et le ministère des Transports et de la Mobilité durable va ranimer le programme de subvention du Plan d’intervention en infrastructures routières locales de 2018. » Ce dernier permet de rembourser jusqu’à 100 % des sommes affectées par une MRC à la réfection de ses routes. Il s’agit d’un plan triennal dont les subventions peuvent être récurrentes. Saint-Armand n’aura qu’à déterminer quelles routes ont besoin d’amour sur son territoire et les travaux suivront.
« Notre salle communautaire du chemin Bradley a aussi besoin d’affection, poursuit Caroline Rosetti. La climatisation, tout d’abord doit être grandement améliorée. Et la salle elle-même a besoin d’une réfection en profondeur. On s’en occupe cette année. »
Le croirez-vous, on a aussi commencé à mettre de l’argent de côté pour payer les études préalables à la reconstruction du quai. « On veut avoir le choix entre les solutions possibles. »
Des études c’est bien joli, mais à quand le quai lui-même ? Je dois dire que je m’attendais à un numéro de patinage artistique, au lieu de quoi j’ai eu droit à une réponse, presque un engagement : « Nous aurons un quai d’ici trois à cinq ans. »