Florencia Saravia. Crédit : Nathalia Guerrero Vélez
Récemment élue conseillère municipale à la ville de Dunham, Florencia Saravia vient pourtant de loin puisqu’elle est née à Buenos Aires, capitale de l’Argentine, il y a 35 ans. Cependant, ses plus beaux souvenirs lui viennent des années passées avec ses parents dans la campagne patagonienne, où ils s’étaient installés alors qu’elle avait cinq ans. « J’adorais les montagnes, les lacs et les étoiles, confie-t-elle de cet agréable accent musical propre aux Argentins. Nos seuls voisins étaient des Mapuches, les autochtones de l’endroit, et des paysans. » Six ans plus tard, ses parents, Fabio et Brenda, éprouvent le désir de voyager avec leurs quatre enfants et c’est au Québec qu’ils débarqueront, sans se douter alors qu’ils ne retourneront jamais vivre dans leur pays d’origine.
Arrivés en mars 1998, peu de temps après le grand verglas, tous se mettront à l’apprentissage du français en même temps que les parents chercheront des petits travaux à faire ici et là, et que les enfants iront à l’école et entameront leur intégration dans la société québécoise. « Aujourd’hui, confie la jeune femme, mes propres enfants ont l’âge que j’avais quand je suis arrivée et cela me fait comprendre beaucoup de choses sur mon enfance et sur tout ce que mes parents ont pu vivre en déménageant ici avec quatre enfants adolescents. J’ai compris récemment que quand on immigre, en étant enfant, on doit se réapproprier l’image de ses parents et accepter qu’ils en présentent une nouvelle. »
Comme beaucoup d’immigrants de partout dans le monde, les parents de Florencia Saravia étaient des gens respectés en Argentine. Sa mère avait fondé une école pour personnes handicapées et son père était un agronome reconnu. Une fois arrivés dans leur nouveau pays, tout cela a changé bien sûr, les nouveaux arrivants se trouvant dans l’obligation de se refaire une nouvelle vie : nouveau métier, nouvelles expériences, nouveaux réseaux sociaux. Il faut reconstruire ce qu’on avait mis une vie à bâtir.
À l’issue de ses études au cégep et d’un long voyage en Amérique latine en compagnie de Benoit, son amoureux, la jeune adulte qu’elle était alors reviendra au Québec et complètera un baccalauréat en urbanisme à l’UQAM. Et donnera naissance à sa première fille. Puis à sa deuxième. Ce qui ne l’empêchera pas de décrocher durant cette période un diplôme d’études supérieures spécialisées en planification territoriale et aménagement du territoire.
La vie et sa magie amèneront le jeune couple et leurs deux enfants à s’installer un jour dans ce cadre pastoral que constitue le parc-nature du Cap-Saint-Jacques de Pierrefonds où ils font office de gardiens puis, grâce aux services de maillage offerts par l’organisme L’ARTERRE (qui jumelle propriétaires terriens et aspirants-agriculteurs), à débarquer à Sutton il y a six ans. « Je connaissais la campagne de Patagonie, mais pas celle du Québec, confie Florencia Saravia. Ce fut le début d’une très belle aventure et, deux ans plus tard, nous avons déménagé à Dunham et commencé la construction de notre maison. »
D’abord embauchée comme chargée de projet pour l’organisme Avante de Bedford, elle a ensuite agi comme conseillère en entreprenariat pour le Carrefour Jeunesse Emploi de Cowansville. Ces expériences de travail lui ont permis de découvrir la population anglophone de la région et, en même temps, d’aider des jeunes de 16 à 29 ans à se responsabiliser. Depuis quelques mois, elle occupe le poste de conseillère aux entreprises au Centre local d’emploi de Brome-Missisquoi.
Elle prendra une autre grande décision, celle de se porter candidate comme conseillère municipale à Dunham. L’idée de faire de la politique au niveau municipal ne lui avait jamais traversé l’esprit jusqu’à ce jour de l’automne 2021 où l’écologiste Laure Waridel appelle les citoyens à s’impliquer à ce palier de gouvernance. Constatant qu’il y a peu de femmes candidates aux postes de conseillers-conseillères de Dunham et désireuse d’apprendre à ses filles à faire partie du changement, elle fait le saut en politique et remporte le siège numéro 3, face à deux autres candidats. Nul doute que son expertise en développement communautaire et territorial, ainsi que sa vision de la place des femmes dans l’univers et de l’importance de la diversité enrichiront les débats des mardis du conseil. Si elle a remporté son premier pari le soir des élections, il semble que le deuxième soit en passe de se concrétiser puisque Anahi, sa fille de 11 ans, a été élue mini-mairesse par les élèves de l’école…