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Je ne suis ni expert en santé publique ni spécialiste en gestion des affaires publiques et encore moins devin mais, comme tout le monde, je suis témoin de choses étonnantes qui se déroulent sous nos yeux depuis bientôt deux ans, voire davantage. Je ne suis certainement pas le seul à me poser des questions.
Alors que nos voisins ontariens sont presque deux fois plus nombreux que nous, les données objectives indiquent que, dans cette province, y a moins de personnes atteintes de la COVID-19 et que, parmi celles qui le sont, il y en a moins qui se retrouvent à l’hôpital et qui meurent des suites de cette maladie.
Lors de la première vague de la COVID-19, à l’hiver et au printemps 2020, c’était l’hécatombe qu’on sait dans les CHSLD. Les enquêtes menées à ce sujet nous ont récemment appris que nous étions mal préparés et que nous avons fait de mauvais choix. En conséquence, c’est au Québec qu’on déplore le taux le plus élevé d’ainés atteints de la COVID et de mortalités consécutives, comparativement aux autres provinces canadiennes ainsi qu’à la plupart des pays développés. On est en droit de se demander quelles en sont les causes.
Selon François Béland, professeur à l’école de santé publique de l’Université de Montréal, qui s’intéresse principalement aux questions concernant les aînés, au Québec, 18 % des personnes âgées de 75 ans et plus vivent dans des résidences pour aînés, comparativement à environ 6 % pour le reste du pays. On constate la même chose pour les soins de longue durée : il y a beaucoup plus de CHSLD chez nous qu’ailleurs. C’est vrai aussi des services de maintien à domicile, qui sont nettement moins développés au Québec que dans le reste du monde industrialisé : nous sommes moins nombreux à vivre à la maison jusqu’à notre décès.
Le docteur Réjean Hébert, gérontologue et ancien ministre de la santé sous Pauline Marois, a dénoncé avec virulence cette situation sur les ondes de Radio-Canada : « On a fait des choses abominables aux aînés au cours de cette pandémie, on a pris des décisions insensées. C’est un véritable âgicide, c’est de l’âgisme systémique ! » Il ne voit d’ailleurs aucun signe de changement chez les élus et les gestionnaires du système. N’y a-t-il pas lieu de nous demander pourquoi nous faisons les choses moins bien qu’ailleurs ?