Dans une entrevue que nous accordait Pierre Paradis, le député de Brome-Missisquoi et ministre de l’Agriculture du Québec, au printemps 2015, il nous apprenait qu’il avait confié à monsieur Jean Pronovost le mandat de cerner les obstacles auxquels les jeunes de la relève agricole font face et d’identifier les pistes de solutions qui seront les plus prometteuses pour contribuer au renouvellement et au verdissement de l’agriculture québécoise. Dans le numéro du printemps 2016, un an plus tard, nous demanderons au ministre de nous révéler les résultats du rapport et des recommandations de Jean Pronovost. Rappelons que le mandataire du ministre est celui qui avait produit, en 2008, le rapport Pronovost sur l’avenir de l’agriculture. À l’époque, ce rapport avait été accueilli favorablement par une large frange des milieux agricoles, mais boudé par l’Union des producteurs agricoles (UPA) et le gouvernement de Jean Charest.
Parmi les mesures les plus explosives, il y avait certainement celle d’offrir aux producteurs agricoles la tenue d’élections tous les cinq ans sur le choix d’une association, ou de plus d’une, pour les représenter et recevoir leurs cotisations. Cette mesure aurait mis fin au statut unique que détient l’UPA depuis près d’un demi-siècle.
L’auteur du rapport et ses commissaires demandaient au ministère de faire preuve de plus de leadership et d’être moins à la remorque des groupes de pression, notamment la Régie des marchés agricoles, la Financière agricole, le programme d’assurance-stabilisation des revenus agricoles (ASRA) et l’Institut de technologie agricole de Saint-Hyacinthe. Ils disaient souhaiter un système agricole qui serait plus souple en plus d’être bénéfique pour l’environnement, et soutenaient que l’agriculture devait « épouser inconditionnellement les principes du développement durable ».
En mandatant le même Jean Pronovost pour identifier les problèmes de la relève agricole et proposer des solutions, le ministre Paradis ressortait des idées qu’un gouvernement libéral précédent avait laissées sur une tablette oubliée. Nous demanderons donc à Pierre Paradis ce qu’il en est puisque le rapport devait lui être remis à la fin de 2015 et qu’il a sans doute eu le temps d’en prendre connaissance et de se faire une idée quant aux suites à lui donner.