Selon Caroline Rosetti, mairesse de Saint-Armand, le conseil municipal approuve le projet de revitalisation du secteur Philipsburg tel que défini par une étude commandée à la firme-conseil Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT). Mais il y met une condition non négociable : que la municipalité ne paie pas plus de 20 % du coût total des travaux.
Ce coût est évalué à 12 millions de dollars. La municipalité à fait la demande d’une subvention de 8 millions au ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, argent qui proviendrait du Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives et sportives, si la subvention est accordée.
Resteraient 4 millions à trouver. Saint-Armand paierait son 20 %, soit 2,4 millions. Il manquerait donc 1,6 million. « Nous croyons que le CLD de Brome-Missisquoi, par exemple, pourrait nous fournir cette somme pour compléter le montage financier », estime Mme Rosetti. D’autres sources sont aussi envisagées.
« Notre projet fera du secteur revitalisé de Philipsburg une belle porte d’entrée touristique du comté. Il serait normal que le comté, profitant des retombées de cette initiative, en assume une partie des coûts. »
Philipsburg et son nouveau look
Au cœur du projet il y a la reconstruction totale du quai et la construction d’une salle multifonctionnelle (accueil touristique avec éléments d’interprétation historique et ornithologique de Philipsburg, boutique nautique et salle de réception). Ce sont les deux postes budgétaires les plus importants.
Le quai comportera une promenade avec terrasse, une marina avec des infrastructures d’accueil pour petites embarcations, une section sur pilotis et une autre solide. Le bâtiment multifonctionnel se trouvera devant le stationnement actuel, là où sont le restaurant et la friperie. On a définitivement rejeté le projet d’une salle de spectacles, jugé inutile et trop coûteux. Par contre un restaurant avec terrasse et vue sur le lac fait partie des éléments essentiels.
En allant vers le nord, une promenade piétonnière suivrait la rue Champlain. Elle ne serait exclusivement piétonnière que durant l’été, entre les rue James et Léger. C’est aussi pendant l’été que le secteur Philipsburg accueillerait un marché public.
Enfin, on veut ajouter au camping avec services déjà existant un autre, écologique celui-là, qui serait situé plus loin, soit plus près du delta de la rivière aux Brochets. Tout au sud un sentier permettrait aux observateurs d’oiseaux de faire une belle promenade sur la falaise.
Retombées économiques
Les sceptiques ont sans doute levé un sourcil dubitatif en voyant que la firme RCGT affirmait, dans son rapport, que le projet entraînerait des retombées économiques s’élevant à 30 millions sur 10 ans. De quel chapeau de magicien ce lapin-là sort-il ?
Prenons les éléments un par un comme le fait l’analyse de RCGT. La marina, avec 75 places pour petites embarcations, ouverte 120 jours par an, générerait 3 800 jours-visites de visiteurs qui mangent au restaurant et achètent des denrées, du gréement nautique ainsi que du carburant.
Un restaurant recevant 60 clients par jour durant 180 jours par an rapporterait aussi de l’argent qui circulerait ensuite dans la communauté. La location de vélos et d’embarcations (canots et kayaks), à raison de 12 par jour, selon l’estimé prudent de RCGT, fait aussi sonner le tiroir-caisse.
À un taux d’occupation moyen de 60 % 250 jours par année, l’hébergement, qui serait assumé par un gîte du passant, une petite auberge et d’autres approches, serait de 1 800 nuitées par an. Pour le camping, on croit raisonnable de prévoir autour de 2500 nuitées par saison. Ces activités génèrent aussi des emplois et donc de la consommation.
Est-ce délirant ? Pas si on regarde les tendances actuelles, toutes très favorables au comté de Brome-Missisquoi : 75 % des visiteurs qui se promènent dans les Cantons-de-l’Est viennent actuellement dans notre comté. Et ils laissent chez-nous 42 % de tout l’argent touristique qui y est dépensé. En faisant un effort, Philipsburg aurait sa part.
Emprunt et référendum
Si on admet que la municipalité de Saint-Armand paie 20 % du total des coûts, cela représente un débours de 2,4 millions. Peu importe qu’elle aie ou n’aie pas cet argent en main quand les subventions auront été reçues et toutes les autorisations réglementaires aussi, la mairesse Rosetti est catégorique : « Nous irons en règlement d’emprunt. » Pourquoi ?
« Parce que cela entraîne automatiquement un référendum sur le motif de l’emprunt et sa pertinence. Il faut que les payeurs de taxes se prononcent. Nous prendrons le pouls des gens auparavant. Nous aurons le temps de mettre sur la table un projet acceptable. Le but est d’offrir aux gens de Saint-Armand un endroit agréable, l’accès à l’eau, un lieu où se divertir et admirer le paysage unique. Je suis confiante que les gens diront ˝oui˝. »