La jeune Suédoise Greta Thunberg semonçant les grands de ce monde à la COP 24
Alors que les mauvaises nouvelles concernant l’environnement s’accumulent à un rythme effréné, qu’un récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) nous met en garde contre les possibles conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 à 2 °C au cours des prochaines décennies, nous avons pensé vous présenter deux personnes. D’abord une jeune fille de 15 ans qui s’est pointée à la 24e Conférence sur le climat de l’ONU qui se tenait en Pologne en décembre dernier. Ensuite, un vieil homme très expérimenté qui publiait, un an plus tôt, un livre troublant qui a de quoi secouer l’inertie qui nous afflige.
Greta Thunberg
My name is Greta Thunberg. I am 15 years old. I am from Sweden. I speak on behalf of Climate Justice Now (un réseau international d’organismes voués aux luttes sociales et écologiques). Many people say that Sweden is just a small country and it doesn’t matter what we do. But I’ve learned you are never too small to make a difference.
But to do that, we have to speak clearly, no matter how uncomfortable that may be. You only speak of green eternal economic growth because you are too scared of being unpopular. You only talk about moving forward with the same bad ideas that got us into this mess, even when the only sensible thing to do is pull the emergency brake. You are not mature enough to tell it like it is. Even that burden you leave to us children. But I don’t care about being popular. I care about climate justice and the living planet. Our civilization is being sacrificed for the opportunity of a very small number of people to continue making enormous amounts of money. Our biosphere is being sacrificed so that rich people in countries like mine can live in luxury. It is the sufferings of the many which pay for the luxuries of the few.
The year 2078, I will celebrate my 75th birthday. If I have children maybe they will spend that day with me. Maybe they will ask me about you. Maybe they will ask why you didn’t do anything while there still was time to act. You say you love your children above all else, and yet you are stealing their future in front of their very eyes.
Until you start focusing on what needs to be done rather than what is politically possible, there is no hope. We can’t solve a crisis without treating it as a crisis. We need to keep the fossil fuels in the ground, and we need to focus on equity. And if solutions within the system are so impossible to find, maybe we should change the system itself. We have not come here to beg world leaders to care. You have ignored us in the past and you will ignore us again. We have run out of excuses and we are running out of time. We have come here to let you know that change is coming, whether you like it or not. The real power belongs to the people. Thank you.
Traduction libre par Paulette Vanier
Je m’appelle Greta Thunberg. J’ai 15 ans et je suis Suédoise. Je m’adresse à vous au nom de Climate Justice Now [Ndlr : coalition internationale d’organismes voués aux luttes sociales et écologiques]. On dit souvent que la Suède n’est qu’un petit pays et que ce que nous faisons ne compte pas. Cependant, j’ai appris dans la vie qu’on n’est jamais trop petits pour agir et contribuer à changer les choses.
Pour ce faire, il faut toutefois appeler les choses par leur nom, aussi pénible que cela puisse être. Vous ne parlez que de croissance économique verte parce que vous craignez d’être impopulaires. Vous parlez sans cesse d’aller de l’avant en vous fondant sur les vieilles idées qui nous ont précisément menés dans l’impasse alors que la seule chose sensée à faire, c’est d’actionner le frein à main. Vous n’avez pas la maturité requise pour appeler les choses par leur nom, y compris ce lourd fardeau que vous nous laissez à nous, vos enfants. Je me fiche d’être impopulaire. C’est la justice climatique et la vie de la planète qui me préoccupent. Notre civilisation est sacrifiée au profit d’un très petit nombre de personnes qui continuent à s’enrichir de manière inconsidérée. Notre biosphère est sacrifiée au profit de personnes immensément riches qui cherchent à satisfaire leur besoin insatiable de luxe. Le très grand nombre paie de ses souffrances le luxe dont jouit un très petit nombre.
En 2078, je fêterai mon 75e anniversaire. Si j’ai des enfants, ils passeront peut-être la journée avec moi et me poseront peut-être des questions sur vous. Ils me demanderont peut-être pourquoi vous n’avez rien fait quand il était encore temps d’agir. Vous dites que vous aimez vos enfants plus que tout et pourtant, vous leur arrachez leur futur sous leurs propres yeux.
Tant que vous ne vous concentrerez pas sur ce qui doit être fait plutôt que sur le possible politique, il n’y aura aucun espoir. On ne peut solutionner une crise sans la considérer comme telle. Nous devons laisser les combustibles fossiles dans le sol et nous concentrer sur l’équité. Et si le système actuel ne nous offre pas de solutions, alors peut-être faudra-t-il changer le système lui-même. Nous ne sommes pas venus ici pour supplier les dirigeants de ce monde de se soucier de la planète. Vous nous avez ignorés dans le passé et continuerez de le faire dans le futur. Nous n’avons plus d’excuses et le temps presse. Nous sommes venus ici pour vous faire savoir que le monde est sur le point de changer, que ça vous plaise ou non. Le véritable pouvoir appartient au peuple. Je vous remercie.