Allons voir. Allons voir ce qu’il y a là-bas, ce qu’il y a l’autre bord. C’est ce qu’on se dit lorsqu’on a vingt ans ; allons voir ce qu’est la ville.
La ville, réalité plus où moins lointaine, dont nous entendons sans cesse les rumeurs, rouges ou bleues. Il semble se brasser beaucoup de choses, là-bas, en ville.
Et c’est pourquoi un automne, on y va. On plonge. On se lance, curieux de l’inconnu. C’est grand la ville, et gris aussi, surtout à l’approche de l’hiver. Ce n’est pas toujours facile quand on vient d’ailleurs ; le bruit, les nuits sans étoile, l’air, le goût de l’eau… Mais derrière son masque, la ville est belle. Son bouillonnement, sa diversité, son effervescence culturelle, sa vie humaine.
Malgré tout, plusieurs d’entre nous, venant d’une région où les arbres bordent les maisons, laissent longuement traîner leurs regards dans les parcs de Montréal. Mais ce n’est pas suffisant. L’arbre qui nous habite est plus grand, il plonge ses racines dans le sol de Saint-Armand, de nos forêts et de nos champs.
Donc, de temps en temps, mais toujours inlassablement, on revient. On revient voir le paysage qui nous a fait grandir, les sourires que l’on aime tant et notre bonne vieille joie tranquille de fond de rang. Et on revient et on reviendra.
Alors, c’est un peu plus solide que l’on rereplonge dans l’ébullition de la métropole. On vit nos vingt ans là-bas, de l’autre bord, en ville et, que ce soit pour les études ou pour le travail. Mais les racines de ce même arbre nous ont ancrés à notre coin de pays. On reviendra. Sans trop savoir et dans quelques années, vivre ici ou pas trop loin, ailleurs ou n’importe où, mais en campagne.
À suivre