Annonce
Annonce
- Affaires municipales -

À mi-mandat, une entrevue avec notre maire mi-mandat, une entrevue avec notre maire

Une entrevue avec M. Réal Pelletier, maire de Saint-Armand
, réalisée par Jean-Pierre Fourez et Éric Madsen

Photo : Eric Madsen

Au mois de novembre 2003, nous avons élu Réal Pelletier à la tête de la municipalité pour un mandat de deux ans. Nous sommes donc aujourd’hui à mi-mandat, et le Saint-Armand est allé le rencontrer pour recueillir ses impressions après douze mois au pouvoir. Il s’agit d’une entrevue dont nous vous donnons ci-après la transcription presque mot à mot.

Mais d’abord, connaissez-vous votre maire ?

Réal Pelletier est né le 21 février 1965. Il est camionneur pour l’entreprise Warner Kyling. Il est marié depuis 14 ans à Cornelia Stippler. Le couple a deux enfants, Mario, 12 ans, et Cassandra, 9 ans.

Il habite à La Falaise.

M. Pelletier est originaire de Saint-Armand. Son grand-père est arrivé en 1919 de Saint-Alexandre pour bâtir une ferme sur le chemin des Chutes, devenu Pelletier Sud. Raoul Pelletier fut maire de Saint-Armand de 1947 à 1949 et de 1951 à 1953.

Réal aime l’activité physique. Amateur de chasse et de pêche, il pratique le hockey deux à trois fois par semaine. Son engagement social a commencé à l’âge de 14 ans avec les « Loisirs de Saint-Armand ». À 5 ans déjà, il était servant de messe!Il a fait du théâtre à l’école et a travaillé au Magasin général pendant 8 ans. Bref ! C’est un gars de la place !

Après un an à la tête de la municipalité, comment vous sentez-vous ?

Même si je pensais en savoir beaucoup, il y a beaucoup de choses à apprendre. Maintenant, c’est moi qui suis en charge, avec des conseillers qui pensent autrement. Avant, c’était moi qui étais assis au bout de la table. Ce qui est bien fait ou mal fait revient à la charge du maire. Maintenant, c’est à mon tour de recevoir des balles !

Dans quelle chaise vous sentez-vous le mieux ? Dans celle de conseiller ou dans celle de maire ?

Au début, je trouvais ça un peu dur, mais là, je suis plus confortable. Maintenant, je vois les deux côtés. Avant, je n’en voyais qu’un. Il faut continuer ce que l’ancienne administration a commencé, puis tranquillement y apporter mes idées à moi.

Qu’est-ce que vous trouvez le plus dur à faire ?

(Hésitation)… Le plus dur, c’est quand on doit prendre une décision. Ça rend des gens heureux ou parfois malheureux. Quand on y va selon la loi et les règlements, c’est pas dur. Mais quand on connaît quelqu’un qui demande de quoi et qu’on lui dit qu’on n’a pas le droit… On est obligé de respecter la loi.

Trop de responsabilités ?

Trop, non. Mais on en a beaucoup.

Trop de pouvoir ?

Non. Parce que je ne décide rien tout seul. Quand je décide quelque chose, c’est avec mes conseillers. C’est sûr que j’ai un certain pouvoir. Si c’est urgent, j’ai le droit de prendre seul une décision, c’est normal. S’il arrive une situation à risque, je ne peux pas me mettre à appeler tout le monde. Mais c’est le seul moment où je m’en servirais, de ce pouvoir, parce que je ne décide rien sans mon conseil.

Après un an, de quoi êtes-vous particulièrement fier ?

Du petit Café. C’était quelque chose que tout le monde voulait. Ce qui fait que ma municipalité est complète. Il y a une petite école, une Caisse populaire, un Magasin général, un bureau de poste. Il y avait un maillon manquant. C’est pas moi qui l’aie créé, mais on a travaillé pour le faire. On est bien fiers de ça !

Y a-t-il d’autres sources de fierté dans vos réalisations ?

Il y a le parc-école, en partenariat avec la Commission scolaire. On a réussi à mettre en place un parc qui est fonctionnel sans être obligés de détruire ce qui avait été fait avant par des bénévoles. On l’a inauguré il y a un mois, et c’est essentiel si on veut attirer de jeunes familles ici.

La municipalité devrait-elle offrir des incitatifs fiscaux aux entreprises et aux jeunes familles qui voudraient s’établir chez nous ?

On s’est déjà renseignés sur les programmes de crédits de taxes mais, d’après ce qu’on a appris, les municipalités n’y ont pas droit. Seules les villes comme Bedford y ont droit. Mais si ça pouvait se faire, on serait d’accord, c’est sûr. On n’a pas de parc industriel et, si on veut attirer des jeunes familles ici, ça prend des emplois. On est limités à cause de Bedford à proximité. On aimerait avoir des incitatifs pour que de jeunes familles s’installent ici pour de bon.

Dans l’exercice de vos fonctions, de quoi êtes-vous insatisfait ou alors que trouvez-vous difficile ?

Toutes les responsabilités que le gouvernement nous met sur le dos, comme par exemple la gestion des risques d’incendies. C’est un gros poids. Le gouvernement édicte les règles, met la barre haute et ne nous donne pas les ressources financières pour les appliquer. C’est assez frustrant. La fameuse Sûreté du Québec qui est facturée selon l’évaluation foncière, c’est une grosse facture qui mange plus de 18 % du budget. On n’a pas grand-chose à dire sur ça. On paye et on a ce qu’on nous donne. Il y a plusieurs choses comme ça qui sont frustrantes.

On sait que prendre des décisions, c’est comme marcher sur la corde raide. Pensez-vous avoir pris de mauvaises décisions ou fait de mauvais choix ou des erreurs de jugement ou de stratégie ?

Jusqu’à présent, je ne crois pas. Si on en a fait, elles pourront avoir des répercussions sur les années à venir. Les décisions qu’on prend aujourd’hui peuvent avoir des répercussions dans un, deux ou trois ans. Mais jusqu’à présent, les décisions qu’on a prises semblent assez fiables.

Votre point de vue sur le conseil actuel

C’est un très bon conseil. Ceux qui viennent aux assemblées voient que ça brasse pas mal. Mais j’aime ça, j’appelle ça un conseil sain. Les opinions sont différentes. Il y a des débats, et c’est constructif. Comme maire, j’en suis fier. Ça brasse mais au moins ça bouge. On sait que pour faire avancer les choses, ça prend des bons débats d’idées.

Votre point de vue sur les finances actuelles

Elles vont très bien. On prépare actuellement le rapport du Maire. On a baissé le taux de taxation de 8¢ du 100$ d’évaluation. Puis malgré ça, on devrait avoir encore des surplus cette année, de l’ordre de 100000$. La gestion a l’air de s’annoncer très bonne. Ce ne sont pas les chiffres définitifs mais ça donne une bonne idée.

Baisser les taxes, c’était une promesse électorale ?

Ce que j’avais dit, c’est qu’il fallait gérer avec nos moyens. Autrement dit, on a des enveloppes, et il faut faire entrer nos dépenses dans ces enveloppes. Il faut voir ce qu’on a comme dépenses et ajuster le taux des taxes en conséquence. C’est ce qu’on a fait en baissant le taux de taxation, pour compenser les effets de la hausse de l’évaluation. On a enlevé sur le taux ce qu’on aurait eu en augmentation. Si on avait gardé le même taux, on aurait eu quelque 100 000 $ de plus qu’on serait allé prendre dans la poche des gens. Ainsi, on reste au même niveau que l’année précédente.

Même si cela n’a pas eu d’impact négatif, les gens ne se sont pas vraiment aperçu de la baisse de taux.

Je ne veux pas me péter les bretelles en disant que j’ai baissé les taxes mais j’ai maintenu les revenus au même niveau.

Est-ce que cela ne vous a pas privé d’une marge de manœuvre qui aurait pu vous permettre d’en faire plus ?

Non. Parce qu’on a réalisé ce qu’on avait inscrit à notre budget. On a fait le même nombre de réparations de routes que par les années passées. On est en train de réparer notre camion, ce qui n’était pas prévu. On a procédé au lignage des chemins. Il va même nous rester un peu d’argent.

Est-ce que vous vous sentez « prisonnier » de certaines promesses électorales qui sont maintenant difficiles à tenir ?

Pour la première année, je suis pas mal surpris. On a réalisé ce qu’on avait promis, comme le lignage, le petit Café, le nettoyage. On a fait des grands pas, même s’il y en a qui disent que ça n’a pas l’air de bouger. Il y avait une procédure à suivre et on était nouveaux dans tout ça. On s’est aperçu que des choses devaient être changées. En 2004, on a essayé le système, voir si tout était correct. C’est pour ça qu’on n’a pas été trop vite et qu’on a changé des choses au fur et à mesure. Comme les règlements de la S.Q. On s’était rendu compte qu’ils avaient été adoptés ici mais pas enregistrés. Donc on ne pouvait pas les appliquer. On a rencontré la Sûreté et maintenant, elle est en mesure d’appliquer le règlement. Le temps dont je dispose est court, parce que la plupart des maires ont eu des mandats de quatre ans. Moi, je n’en ai que deux. Cela veut dire en faire le plus possible en peu de temps. On a réalisé le bouclage du réseau à Philipsburg cette année et on a eu pratiquement aucune plainte à propos de l’eau potable. Elle était belle partout, ce que l’on n’avait pas vu depuis des années. 80 % de nos promesses ont été réalisées. Le reste est à venir.

Comment voyez-vous la cohabitation entre ruraux et néo-ruraux ?

Wow ! Question à 200$ ! La base de la cohabitation est le respect. Ce qu’il faut que les gens comprennent, c’est que lorsqu’on vient habiter à la campagne, il y a déjà un mode de vie qui existe depuis des années. L’idée qu’on s’en fait, que les petits oiseaux chantent et que c’est tranquille, c’est pas tout à fait ça. On le voit en ce moment avec le battage et la machinerie qui travaille jour et nuit. Des gens vivent ici à l’année longue. Il faut aussi respecter l’opinion des nouveaux arrivants, qui peuvent aussi contribuer à améliorer notre mode de vie, aspect dont on ne tenait pas compte auparavant. Parfois, on reste dans notre petite bulle, mais la base, c’est le respect de part et d’autre. Si on se fait la guerre pour prouver qu’on a raison, ça n’avancera à rien.

Que répondez-vous aux rumeurs qui veulent que ça ne tourne pas rond à la Falaise ?

Il y a un comité de citoyens, le comité de la Falaise. Autrefois, ça n’allait pas bien parce que les gens voulaient de l’argent et que la municipalité ne voulait pas leur en donner. Il s’agissait de chemins privés, de chemins de tolérance. Maintenant, c’est nous qui entretenons les routes. On fait le déneigement. Il y a pas longtemps, le domaine a acquis un petit parc. On va en profiter pour installer une borne sèche pour les pompiers. La municipalité travaille pour eux, et on a fait passablement d’ouvrage. Le monde a l’air satisfait même s’il reste pas mal à faire. Comme au domaine Solomon, les routes de tolérance, c’est délicat parce que, dans le temps, cela a été fait à la bonne franquette. Le monde construisait, et puis ça finissait là. Maintenant, il faut qu’on vive avec. Tranquillement pas vite, on va en venir à bout. La guéguerre est pas mal passée. On ouvre les chemins. On les répare. Ils ont maintenant un retour sur leurs taxes, ce qu’ils n’avaient pas avant. C’était frustrant mais maintenant, c’est équitable pour tout le monde !

Quelle part prendront dans le prochain budget la culture et les loisirs ?

Il faut faire attention quand on dit qu’on ne met pas une grosse part. Juste un exemple : la bibliothèque de Saint-Armand. Cela fait quand même partie du secteur culture. Elle bénéficie d’un loyer gratuit, en plus d’une subvention de 2500$ par an. Si vous calculez, c’est déjà un bon montant. Après ça, il y a toutes les infrastructures existantes : le terrain de balle, le chapiteau, le terrain municipal de volley-ball. On peut profiter de tout ça. Ça, ce sont des coûts qui reviennent chaque année. Vu qu’à Saint-Armand village, le parc est achevé, on s’enligne pour le secteur de Philipsburg parce qu’on s’est aperçu que le parc de ce village était désuet et que les parents des jeunes enfants n’avaient pas de place pour les faire jouer. La priorité sera mise là pour cette année. On parle de la réfection du parc et, si tout va bien, d’un skate-park. Et ça, c’est dans nos projets.

Y a-t-il des dossiers qui vous tiennent plus à cœur que d’autres ?

C’est sûr qu’ayant déjà été dans les Loisirs, j’aime ce sujet. Mais tous les dossiers me tiennent à cœur parce que je me dois de les traiter tous de la même façon, avec la même importance. Pour certaines personnes, des dossiers semblent insignifiants, mais quand on y regarde de plus près, chacun a sa raison d’être, et il faut les traiter avec le plus d’objectivité possible. Mais des projets particuliers, comme des parcs, j’aime ça parce que j’ai du fun avec les jeunes. Et les jeunes viennent me voir. Certains me téléphonent à tout bout de champ pour me demander des choses, comme l’entretien de la patinoire ou l’installation du skate-park. Les chemins aussi, ce sont des dossiers que j’aime, parce que je connais ça. Puis, avec de bons chemins carrossables, le monde est heureux.

Pour l’année 2005, avez-vous des projets immédiats ?

Pour 2005, la priorité, c’est la couverture de risques en incendie, qui prend beaucoup de temps. Il faut procéder à l’installation de bornes sèches. On commence à renouveler notre équipement. On a déjà une autopompe neuve. Nos nouveaux pompiers devront suivre des cours pour être prêts. Nous voulons nous rendre à 25 pompiers. Après ça, il y a un autre aspect incontournable, c’est l’aspect écologique, comme le recyclage, et l’aspect sanitaire. En 2005, il faut qu’on finisse Philipsburg et qu’on passe aux maisons individuelles pour nous assurer que tous les systèmes sont conformes aux règlements du Ministère. C’est un dossier assez lourd. Pour terminer le système d’égouts, il y a encore un bout à compléter jusqu’au camping.

Vous représenterez-vous aux prochaines élections ? Si vous êtes réélu, quels seront vos projets à plus long terme ? Avez-vous une vision lointaine pour Saint-Armand ?

À plus long terme, si les gens veulent encore de moi dans un an, ou même si ce n’est pas moi le maire, le prochain conseil aura à élaborer un plan sur 20 ans. Pour les routes, par exemple, nos 60 km de chemins doivent être refaits tous les 20 ans. Il faut donc prévoir une rotation des travaux pour avoir toujours le même montant au budget chaque année et que notre réseau routier soit renouvelé sans être obligés d’aller chercher des sous dans la poche des gens. Depuis plusieurs années, à Saint-Armand, il y a eu une évolution et beaucoup de changements. Les gens viennent voir notre belle municipalité, qui est un exemple dans la MRC. Mais il ne faut pas prendre ça pour acquis et il faut travailler pour garder ça intact.

Pour les projets à venir, c’est difficile de projeter plus loin que cinq ans. Parce qu’il y a trop de changements. Des gens partent à la retraite, et c’est important de garder nos mêmes services et le taux de taxation assez bas. C’est primordial car, dans notre coin, les gens ont besoin d’une auto pour aller partout. Il faut prévoir plus loin pour amortir nos dépenses.

Pour le lac Champlain, y a-t-il un programme, une idée directrice ?

C’est assez compliqué. Parce que ce sont des décisions gouvernementales. On en est au point où il faudrait agir, et rien ne bouge. Ca parle, ça parle, mais ça n’agit pas ! Il faudrait, par exemple, faire une expérience dans le lac sur 1km2 qu’on pourrait draguer pour voir ce que ça donne. Il y a des exemples qu’on pourrait suivre. Comme en Europe, où ils avaient les mêmes problèmes il y a 30  ans et plus. Ils les ont résolus comme, par exemple, le Rhin, en Allemagne, où l’eau était empoisonnée alors qu’on peut presque la boire maintenant.

Pour terminer, quelques petites questions en rafale

De quoi doit-on prendre le plus soin à Saint-Armand ?

Du patrimoine.

Qu’aimez-vous le plus à Saint-Armand ?

Les gens, à cause de l’aspect familial. Ici, c’est comme une grosse famille, et j’aime les rapport sociaux.

Qu’est-ce qu’on devrait améliorer à Saint-Armand ?

L’esthétique. Voir à ceux qui laissent aller leur propriété et négligent leur environnement. Et aussi le nettoyage de la rivière.

L’avenir à Saint-Armand ?

Je ne suis pas inquiet. C’est une petite communauté qui a survécu à travers le temps avec brio. Les gens sont débrouillards, créatifs. Ils travaillent ensemble.

Un message à nos concitoyens ?

Continuez d’être vous-mêmes. Soyez fiers d’appartenir à cette municipalité. Et continuez de vous impliquer. Ça va être beau. Il y a une chorale, de l’embellissement floral, etc. Et le journal. J’ai de très bons commentaires. Je veux vous féliciter parce que les gens y ont un droit de parole et que ça leur donne un sentiment d’appartenance. Vous contribuez à notre beau petit coin de pays.