Dans le dernier numéro du Journal, on annonçait la parution d’un roman écrit par une Armandoise. J’ai eu le plaisir de lire cette première œuvre littéraire de Marie Normandin. L’auteure nous entraîne dans l’univers de Mira, qui a 10 ans en 1961, de sa sœur cadette Sophie et de son petit frère Dieudonné. Les jeux, les rêves et l’imaginaire des enfants se confondent avec les événements de la vie en un jeu de miroirs très subtil où les notions de temps et d’espace se dissolvent (d’où le titre du roman). Pendant tout le début, le lecteur est dérouté et se demande où l’auteure veut en venir jusqu’au moment où, vers la fin, le voile se déchire pour laisser apparaître la tragique réalité. Les contours du monde réel sont à peine esquissés, les descriptions sont rares. Bien que simple et dépouillée parce qu’il s’agit la plupart du temps de la parole des enfants, l’écriture est agréable et donne une impression de transparence malgré la complexité du sujet. Cette écriture est déjà assez bien maîtrisée et personnelle pour un premier roman et ne tombe jamais dans la mièvrerie. Marie Normandin étant psychanalyste, on ne s’étonnera pas qu’elle nous propose cet étonnant voyage dans la psyché d’une petite fille, laquelle contient en germe celle de la mère et de la grand-mère en devenir. Une manière originale de relier les générations car, par-delà les mots et les époques, la force des sentiments demeure.
MIRA et les miroirs du temps de Marie Normandin
Compte rendu de lecture Par Josiane Cornillon