San Marcos. Petit village sur la rive nord du lac Attitlan (Guatemala). Durant les dernières décennies, le niveau du lac a baissé considérablement, laissant ainsi plusieurs mètres de terrain aménageable derrière lui. Et ils furent aménagés. Des étrangers bien sûr. Des « foreigners ». Ceux qui ont des sous.
Depuis, à San Marcos, il y a deux villages en un. Un peu comme Berlin. À considérer que le mur se résume à une frontière de vidanges. D’un côté, on est riche et on travaille pour soi, de l’autre on est pauvre et l’on travaille ensemble. C’est un lieu d’une grande beauté, la nature est sauvage, le lac est profond et entouré de volcans, le climat y est clément. Les touristes affluent dans des centres de retraites de toutes sortes où la spiritualité se fond a divers degrés dans un ésotérisme pour gens fortunés.
Compassion. Détachement. Donc deux mondes ou deux sociétés vivent ensemble, fermant les yeux l’une sur l’autre tout en s’engendrant mutuellement. Enfin c’est l’histoire des riches et des pauvres, la où la cohésion fait plus d’étincelles que d’autres choses. Soudain, octobre 2005. Quatre jours de pluie diluvienne. Glissements de terrain, coulées de boue, inondations. Le village est partiellement enseveli. Pas trop de morts, par chance.
Puis, lorsque sonne l’heure de la reconstruction et du nettoyage du village, les étrangers, les « foreigners » sont déjà loin, au chaud, laissant ainsi les habitants à leur misère à leurs tâches, leur boue et leurs pierres, prêts à dire soudainement que cet endroit n’était pas réellement chez eux.
Compassion et détachement. Abandon et déresponsabilisation sociale.
Je pense à chez nous. À tous ces mégaprojets qui planent dans la tête de certains. Et à ce qui arriverait, si jamais…