Annonce
Annonce
- Gens d'ici -

Des pommes pas comme les autres

Jean-Pierre Fourez 

Depuis le verger de Jean-Pierre, la vue de Saint-Armand est impressionnante (Photo : Jean-Pierre Fourez)

Sur les hauteurs du chemin Bradley se trouve un merveilleux verger. Une discrète enseigne et un long chemin caillouteux mènent au repaire de Jean-Pierre Contant, verrier d’art. Originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Jean-Pierre est arrivé à Saint-Armand en 2000. Au départ, il cherchait un espace pour planter de la vigne. Il apprend par M. Dandurand, chez qui il logeait, que Denis Lamothe vendait une terre plantée de pommiers. C’est le coup de foudre pour ce lieu idéal, avec une vue splendide. Il achète et décide de bâtir sa maison. Déception : la municipalité lui refuse le permis de construire car c’est une terre agricole. La CPTAQ exige qu’il vive des revenus de son exploitation et prétend qu’on ne peut pas y parvenir avec 228 pommiers. Piqué au vif, Jean-Pierre s’inscrit comme producteur agricole et veut prouver qu’il peut vivre de ses 11,8 acres.

Jean-Pierre construit alors un atelier et, avec son amie, démarre la compagnie « Brin de folie » qui veut lancer sur le marché une nouveauté : la confiture de pommes. Après deux ans de production, il présente son dossier à la CPTAQ qui, cette fois, accepte son projet.

En 2003, permis municipal en poche, il construit enfin sa maison, originale, avec un goût sûr qui reflète son sens artistique et son tempérament impétueux.

En septembre 2003, à la rencontre sur le Pacte rural, il saisit le désir de la population d’avoir, entre autres projets, un café. Le café servira aussi à la production de confiture. Croyant beaucoup à l’agrotourisme, il mise aussi sur le travail du vitrail et expose ses œuvres à la Tournée des 20 en octobre de la même année. Son domaine prend forme, il y ajoute des poiriers, des cerisiers, des  framboisiers et la culture des asperges, et veut développer l’autocueillette.

Le verger

Jean-Pierre Contant s’est donné pour mission d’être le gardien d’un authentique verger ancien : ses pommiers, âgés de 65 à 70 ans, ont été plantés par Adhemar Dandurand (père de l’ancien maire Gaston Dandurand). Les fruits de ces variétés standard ont conservé leur goût traditionnel. Dans les années 50, le verger, paraît-il, attirait durant les fins de semaine d’octobre des files d’autos remplies de cueilleurs venus faire leurs provisions de McIntosh, Duchesse, Lobo, Cortland, Melba et Law fam (une variété exceptionnelle qui goûte la framboise et qui se conserve jusqu’en janvier). Respectueux de l’environnement, Jean-Pierre n’utilise pas d’herbicide. Il est cependant obligé d’appliquer par pulvérisation un fongicide pour combattre la tavelure (ces vilaines taches brunes rendent les fruits invendables par caprice des consommateurs mais n’affectent ni la chair ni le goût).

L’entretien d’un verger se fait à longueur d’année. En hiver, c’est la taille pour garder une hauteur standard, ôter les rameaux indésirables et protéger les branches porteuses. Durant la floraison et les mois d’été, c’est l’arrosage régulier et l’entretien du sol. Puis c’est la récolte, fin août, de la Duchesse et de la Melba, en septembre, de la Lobo, et jusqu’aux premiers gels, de la Cortland et de la McIntosh.

Jean-Pierre croit que, pour son exploitation, l’avenir est à l’autocueillette : les gens ne sont pas fous, ils savent reconnaître le bon goût, l’authenticité, et ont envie de perpétuer la tradition « d’aller aux pommes ».

Rêveur ? Certainement ! Mais aussi réaliste, et conscient qu’il est difficile de mettre Saint-Armand sur la carte agrotouristique. Ici, pense-t-il, le monde dort profondément, et le réveil risque d’être brutal s’il n’y a aucune volonté municipale de changer les choses.

Depuis quelques années, les vergers ont été rasés, remplacés souvent par du maïs. Les raisons, selon Jean-Pierre ?

  • L’apathie générale devant la dégradation de notre patrimoine cultivé.
  • Le travail non rentable car la pomme se vend une misère.
  • La bêtise des consommateurs qui préfèrent de beaux fruits lisses et ronds (et sans saveur !) venant du Sud, qui se vendent au même prix que les nôtres.

Heureusement, il reste un verger « rebelle » qui veut vivre et qui vous attend.

Le verger de Jean-Pierre Contant est situé au 370, chemin Bradley. Téléphone : 450-248-0027.