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Éoliennes à Stanbridge Station

Hydro-Québec décidera en 2007
Guy Paquin

« Et ne remuez donc pas tant l’air avec vos bras comme vous faites. » W.Shakespeare, Hamlet 

Photo : Rémi Boily

 La compagnie d’ingénierie SM International a le projet de construire un parc de 40 éoliennes à Stanbridge Station. Elle répond, comme d’autres firmes rivales, au troisième appel  d’offres d’Hydro-Québec  de l’énergie éolienne. Si jamais Hydra retenait ce projet parmi beaucoup d’autres, SM devrait élever 40 machines à turbines entraînées par le vent pour fournir un total de 100 MW au réseau de transport d’Hydro.

Rien bien sûr ne permet de prédire si ce sera un des projets retenus. Il faut d’abord que SM International prouve que sa technologie est efficace, que ses machines sont fiables, qu’il y a assez de vent pour faire tourner ces moulins nouveau genre, que les conditions financières sont correctes, bref, que SM fournisse un dossier si convaincant qu’on écarte la concurrence à son profit. Comme le Groupe SM est dans le métier de l’hydroélectricité depuis presque 30 ans, ayant contribué aux travaux de la baie James, qu’il est bien connu chez Hydra, ses chances sont aussi bonnes que celles de n’importe qui.

L’appel d’offres d’Hydro interviendra en mars 2007 et les projets devront être déposés dans les semaines suivantes. Hydra examinera les divers projets suivant deux axes de critères : des critères techniques et des critères réglementaires. Nous laisserons de côté les critères techniques pour nous intéresser aux exigences réglementaires.

Ériger une éolienne ne concerne pas que la firme productrice d’énergie, les agriculteurs et propriétaires fonciers qui cèdent des droits sur leurs propriétés et la société d’État qui achète le courant. Les éoliennes sont bruyantes, très visibles, elles peuvent représenter une nuisance que certains voisins accueillent avec bien moins d’enthousiasme que les locateurs de terrains.

Hydra et le gouvernement du Québec encadrent les projets pour ne pas avoir de réactions négatives du milieu. Hydra se rend responsable de la solidité des appareils. Personne ne veut se retrouver un matin avec l’éolienne du v01sm tombée chez soi. Personne ne veut passer de longues nuits d’insomnie à écouter le ronflement du moulin à vent. Et personne ne veut, si le projet est abandonné ou qu’une machine cesse de fonctionner, que les éoliennes soient tout bonnement abandonnées là.

La MRC de Brome-Missisquoi avait elle aussi un projet de règlement. Mais elle a dû le réécrire parce que, sur Grande-Allée, on trouvait qu’elle en faisait trop. « Il y avait, comment dire, des détails qui ne plaisaient pas « , suggère Robert Desmarais, directeur général de la MRC. « Ça gênait que nous interdisions le déboisement pour construire les éoliennes. Ça déplaisait que nous réglementions le dégagement au sol pour protéger le voisinage. Il y avait quelques règlements dont Québec nous a dit qu’ils allaient un peu loin. ,,

La MRC a jeté un peu de lest. Le dégagement au sol proposé par la MRC était d’une fois et quart la hauteur des tours. La tour devait se trouver éloignée des voisins à une fois et quart sa hauteur. Hydra se rendant responsable des accidents, la MRC a consenti à biffer ce règlement. « Ils nous ont dit que les éoliennes, ça ne tombait jamais. » C’est bien connu. Et les déluges n’ont jamais lieu au Saguenay non plus. C’est comme pour le verglas.

Mais pour le déboisement, la MRC tient bon. « Nous sommes la région administrative la plus déboisée du Québec. C’est dans le rapport Coulombe (Commission d’étude sur la gestion de la forêt publique québécoise, déc. 2004). Nous allons fourbir nos arguments et revenir à la charge. Nous croyons avoir une entente avec Québec d’ici deux mois. On pense qu’on nous laissera les coudées franches pour réglementer les petites éoliennes destinées à fournir du jus aux exploitations agricoles. »

Pour les contrats entre le Groupe SM International et les propriétaires de Stanbridge Station, la MRC les estime plus qu’avantageux. À 16 000 S par an par éolienne, les contrats potentiels sont parmi les plus généreux de ce qui s’est vu au Québec. Il n’existe curieusement pas de barème, de normes provinciales sur le dédommagement à payer par les promoteurs aux locateurs de terrains. Là-dessus, même Québec n’a pas légiféré. Des ententes furent  négociées, mais rien n’est définitif.