Annonce
Annonce

Protection des forêts

Saint-Armand : le dernier de classe se réveille
Par Guy Paquin et Jean-Pierre Fourez

Pour la dernière période soigneusement recensée, celle de 1999 à 2004, nous avons collectivement rasé 161,6 hectares de forêts et boisés. Les arbres de Saint-Armand couvrent donc 4,22 % de moins de notre territoire à la fin de cette période qu’avant. Chiffres précis, mais que veulent-ils dire ?

Selon M. Julien Belvisi, responsable de Géomont, la société qui a procédé à l’inventaire d’après photos aériennes et autres méthodes de géomatique, nous n’avons pas à être fiers de nous. « Des chiffres comme ceux-là commencent à être éloquents dès qu’on les compare. Or, de toutes les municipalités de Brome-Missisquoi, Saint-Armand arrive 16e sur 19 quant au taux de perte (15 municipalités sur 19 ont eu une plus petite réduction du pourcentage du territoire couvert par les boisés) et 18e sur 19 quand on mesure au nombre d’hectares perdus (la forêt a davantage reculé chez nous que chez presque tout le monde). »

En 1999, avec ses 8 366 hectares, la forêt couvrait 45,7 % de la superficie de Saint-Armand. Il en avait fondu 4 % cinq ans plus tard. Pendant ce temps, les boisés de l’ensemble de la MRC Brome-Missisquoi reculaient de 1,26 %. Notre MRC était exemplaire en comparaison des autres MRC, deuxième sur les 14 de la Montérégie. Seule une autre MRC avait bûché moins que Brome-Missisquoi. Donc, dans une MRC qui a plutôt bien pris soin de ses forêts et boisés, nous détonnons et avons manié la hache avec énergie.

Et pourquoi avons-nous tant joué de l’égoïne à pétrole en comparaison de nos voisins ? Pour François Daudelin, responsable des services forestiers à la MRC, nul besoin d’être grand devin pour répondre : « Pour pouvoir épandre davantage de lisier de porc, sans nul doute » et pouvoir cultiver un peu plus de maïs et de soya pour engraisser davantage de bétail. « Tous savaient que décembre 2004 représentait une date fatidique. Fin décembre 2004 commençait le moratoire du ministère de l’Environnement sur les mises en culture nouvelles. On s’est dépêché de couper pour agrandir la superficie mise en culture et aller chercher plus de purin avant le début du moratoire. »

François Daudelin a été mandaté comme inspecteur des forêts et boisés pour les trois municipalités de la MRC qui le lui ont demandé après 2004. Il est allé faire un suivi dans les boisés et forêts de Frelighsburg, Lac-Brome et Sutton. « Ces trois municipalités ont des normes d’abattage et tenaient à les faire respecter. J’ai remis mes rapports, et elles ont agi en conséquence. » Peut-être serait-il le bienvenu à Saint-Armand !

D’après Luc Marchessault, inspecteur municipal, les élus de Saint-Armand ont actuellement très peu de pouvoirs en ce qui concerne le déboisement et la gestion de la forêt et, vu la vitesse à laquelle les arbres disparaissent, le Conseil veut mettre les bouchées doubles et adopter un règlement efficace. Une municipalité est habilitée à contrôler le pourcentage des superficies de coupe et la taille des arbres à abattre (tel qu’on le fait déjà dans l’est de la MRC).

Mais, si on compare au maigre 10 % et moins de forêts restantes à Pike River par exemple, Saint-Armand semble en santé avec ses 41,7 %. Pourtant, c’est à ce stade-là qu’il faut sonner l’alarme.

Le C.C.U. avait déjà sonné l’alarme en 2004 mais, hélas, n’avait pas été entendu.

Du côté de la CPTAQ, son seul pouvoir est de réglementer les érablières (en activité ou non) de plus de 4 ha et de n’y autoriser que la coupe sélective. Du côté du ministère de l’Environnement, à partir du moratoire déclaré en décembre 2004, il y a eu interdiction d’augmenter les superficies de culture, ce qui a diminué l’ardeur des bûcherons en vue de l’épandage.

Espérons que cette nouvelle politique de conservation de la forêt sur notre territoire aura des dents… surtout pas des dents de scie !

Soutenons nos élus dans cette démarche : assistons aux assemblées municipales, écrivons-leur que la préservation de nos forêts nous tient à cœur.

DERNIÈRE HEURE

À la séance du 4 décembre dernier, le conseil municipal a déposé un avis de motion visant à interdire toute coupe à blanc sur le territoire de Saint-Armand. Cette motion a pour effet de bloquer d’ores et déjà toute demande de permis de coupe de ce type jusqu’à l’adoption d’un règlement.