Fin juin, un citoyen de Philipsburg se rend compte qu’une conduite provenant de l’usine de filtration de Philipsburg déverse de l’eau souillée dans la baie Missisquoi. Sur les images vidéo qu’il a transmises aux autorités de Bedford et au journal Le Saint-Armand, on peut voir que l’eau qui s’échappe du tuyau renferme une substance noirâtre ou brunâtre, formant une sorte de nuée tourbillonnante qui se dissous lentement dans l’eau de la baie à quelques mètres seulement de la prise d’eau de l’usine de filtration qui approvisionne Bedford et Philipsburg en eau potable.
Cette station de filtrage appartient à la ville de Bedford, qui en a confié l’exploitation à la firme AQUATECH, laquelle gère plusieurs stations de filtration et de traitement des eaux usées dans la région. L’usine de Philipsburg filtre l’eau de la baie Missisquoi. Cette eau est successivement mise à décanter dans plusieurs bassins de sédimentation avant de prendre la direction de l’aqueduc et alimenter ainsi en eau potable la ville de Bedford, le secteur Philipsburg de Saint-Armand, de même que quelques clients de Pike River, de Stanbridge Station et du Canton de Bedford.
Lors du processus de décantation, des particules sédimentaires se déposent dans le fond des bassins, y formant une sorte de boue, ce qui nécessite de laver périodiquement ces derniers. L’eau de lavage résultant de cette opération est déposée dans un autre bassin avec les sédiments qu’elle renferme. Cette « eau grise » est régulièrement acheminée en camion-citerne vers l’usine de traitement des eaux usées de Bedford. Si le bassin d’eau de lavage n’est pas vidé assez fréquemment, il déborde et l’« eau grise » (terme désignant une eau usée, par opposition à une eau potable) qu’il renferme s’écoule dans la baie grâce à un système de trop-plein. C’est ce qu’on peut constater depuis la fin de juin et cela se poursuivait toujours il y a quelques jours.
À la ville de Bedford, on affirme avoir pris les mesures pour que cessent ces déversements de boue sédimentaire, mais on ignore ce que renferme exactement cette « eau grise » et si les substances qu’on y trouve dépassent les limites jugées sécuritaires par les autorités sanitaires.
Les gestionnaires de l’usine ont-ils procédé rapidement à l’analyse des sédiments ainsi déversés à proximité de l’endroit où l’on puise l’eau qui abreuve près de 3000 personnes ? S’ils l’ont fait, ces résultats seront-ils rapidement communiqués à la population, qui aura grand besoin d’être rassurée ?