Asa Westover, chef de la milice de Missisquoi, pose fièrement avec son fusil Ballard. (Crédit : Ross Jones)
Le Musée Missisquoi offre une exposition spéciale, une reconstitution de la bataille et une rencontre avec des historiens experts
Mai 1870 : revoici les Féniens !
Dans la nuit du 24 au 25 mai 1870, 300 Féniens armés de fusils et d’un canon prennent position sur le chemin Eccles Hill, entre Pigeon Hill et Frelighsburg. Ils sont décidés à envahir notre région et à s’emparer du sud de la province.
Ces militants membres de la Fraternité fénienne sont de vaillants fils d’Irlande émigrés aux États-Unis. Ils brûlent de libérer l’Irlande du joug anglais. Leur stratégie : prendre Saint-Armand, Pigeon Hill, Frelighsburg et Dunham, puis marcher sur Saint-Jean et, ensuite, sur Montréal. Cela fait, ils comptent proposer à l’Angleterre d’échanger cette région du Canada contre une Irlande libre.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’ils tentent ce coup audacieux. Déjà, en 1866, ils se sont répandus dans notre région, l’ont pillée, volant des chevaux et du ravitaillement. Leur conduite indisciplinée les a fait détester de tous dans le comté de Missisquoi.
Et les revoilà ! Ils sont sous la conduite d’un officier de la guerre civile américaine, le capitaine John O’Neill. Sûrs de l’effet de surprise, ils attendent le petit matin pour lancer leur attaque sur la région.
Tunique et béret portés par les volontaires de la région lors de la bataille d’Eccles Hill. On voit aussi le fusil Ballard, l’arme de combat des miliciens de Missisquoi. (Crédit : Ross Jones)
Une chaude réception !
Pour l’effet de surprise, on repassera ! Depuis la première attaque des Féniens en 1866, les habitants de la région ont formé une milice armée sous la conduite d’Asa Westover et d’Andrew Ten Eyck. Cette milice se distingue par le port d’une écharpe rouge, d’où son surnom de Red Sashes. Dès le 23 mai, Solomon Hunter, le patrouilleur qui y est attaché, repère les Féniens et fait rapport aux chefs de la milice. Ces derniers télégraphient à l’armée régulière de Saint-Jean et de Montréal.
Brown Chamberlin, colonel du 60e bataillon d’infanterie (bataillon de Missisquoi), réagit dès la réception du télégramme. Par retour de télégramme, il ordonne aux 37 miliciens de bloquer la route d’invasion par le chemin Eccles Hill, promettant que, dès le lendemain, des renforts de l’armée régulière arriveront par train.
À 37 miliciens contre 300 Féniens, les parieurs avisés auraient misé sur les fiers Irlando-Américains, mais ils auraient perdu leur pari ! C’est que les miliciens sont armés d’excellents fusils de chasse, des Ballard dernier cri, tandis que ceux des Féniens sont peu fiables et s’enrayent souvent dès le premier coup.
De plus, les miliciens sont embusqués sur les hauteurs, inatteignables par le canon des attaquants. La surprise du côté ennemi est entière. On s’attendait à une ballade paisible sous les grands arbres du chemin Eccles Hill, on est accueilli par un orage de balles. Le porte-drapeau des Féniens tombe, frappé à mort dès le premier engagement.
Victoire !
La bataille continue pendant quelques heures, mais l’arrivée des renforts montréalais de l’armée régulière donne le coup de grâce aux Féniens. Ils se rendent ou fuient vers le Vermont. Ils ne reviendront plus.
C’est ce fait d’arme que nous commémorons 150 ans plus tard. Le Musée du comté de Missisquoi vous convie à son exposition spéciale et à divers événements décrits dans les articles qui suivent. Bienvenue à tous et à toutes !