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Québec Rock (1959-2007)

Les humeurs d’Armand
Armand de Saint-Armand

Le chanteur à la recherche de son identité  (Photo : Robert Lussier)

Le rockeur québécois, ou la rockeuse, ont souvent été tiraillés entre la chansonnette française, la mélopée du chansonnier, le « gros beat » américain et le « progressivisme » britannique ; la greffe de ses racines s’achève et il titube à travers différents styles, explorant un vocabulaire de transition à la recherche de son identité ; il ne doit pas oublier le sang amérindien qui coule aussi dans ses veines. Si les Noirs se tournent vers l’Afrique pour retracer leurs origines, le rocker québécois écoutera les « tam-tam du yé-yé », selon l’expression de Serge Gainsbourg, pour s’y retrouver.

À quelle voix s’identifier, à quel rythme se vouer ?

Ni certainement aux saules (soul) pleureurs qui misent sur le significatif joli avec des ballades sirupeuses et chevrotantes, ni aux enragés engagés qui en mettent trop, transformant ainsi la victime en héros tyrannique.

Humilié et rejeté par les siens, ridiculisé par les autres, d’une appartenance incertaine et d’une naïveté inévitable, le rockeur québécois se pulvérise et essaie les confections de mélanges hasardeux.

Il ne peut s’appuyer ni sur la France qui l’a abandonné, ni sur l’Amérique anglophone qui compte sur lui ou sur elle comme une victime à provoquer. Le défi exige non un crachat de venin mais un crachat d’amour qui brasse, où l’expression et le silence sont exquisément barattés. La réconciliation des extrêmes annonce la réconciliation avec soi-même ; nous sommes à l’ère des négociations continues et ininterrompues. Frères et sœurs amérindiens, voici venu le temps de la célébration par le tam-tam du pardon !

Le podium du blues agira comme une introduction aux notes et mélodies qui ébranlent notre cœur et propulse notre corps.

Sur un pied d’égalité se dressent trois géants québécois : l’irrespectueux Plume Latraverse, les passionnés Offenbach et l’explorateur Michel Rivard qui a su plonger Beau Dommage dans une transe collective où la guitare « slide » sert d’agitateur. Trois titres sont à retenir : « Bleu comme un char de bêu », « Câline de blues » et « Le blues de la métropole ».

Ce qui nous amène enfin à rajouter douze morceaux pour fêter la Saint-Jean- Baptiste, suivant un ordre chronologique débutant dans les années cinquante, qui marquèrent l’origine du rock :

Félix Leclerc (cousin de Johnny Cash), Le petit train du Nord (1951/version 1979) avec l’orchestre de François Dompierre.

Les Beau Marks (à demi handicapés), Moonlight Party (1959).

Les Jérolas (tendance Coasters), Méo Penché (1961).

Robert Charlebois (membre de Jefferson Airplane), Mon pays (1970).

Michel Pagliaro (selon Bob Seeger), J’entends frapper (1972).

Marjo (Corbeau façon Blondie), J’lâche pas (1981).

Jean Leloup-Leclerc (Jean joue à la cachette), Cookie (1990).

Éric Lapointe (rugueux mais plein de talent), L’école du rock’n’roll (1994).

Les Colocs (musique du monde et de nos campagnes), Séropositif Boogie (1995).

Vincent Vallières (style côte ouest américaine), OK on part (2003).

Xavier Caféine (dans je cherche et je me trouve partout), avec le groupe P o x y : version de « Suzanne » du montréalais Leonard Cohen (2004).

Malajube (dans la foulée d’Arcade Fire, le groupe s’attire un buzz de curiosité de la France et de l’Amérique du Nord), Pâte filo (2006).

Que ce soit la récupération (une chanteuse pop en duo virtuel avec Elvis, Star Académie, etc.) ou le défi (Arcade Fire et tous les nouveaux musiciens qui cherchent à s’établir), il reste un critère absolu au-delà du talent et de la chance : c’est le choc de l’imprévisibilité qui s’impose comme allant de soi. Que la fête soit…

N-B : Nous pourrions ajouter une marche au podium du blues et y faire monter Kevin Parent et sa « jasette ». Nous ne saurions oublier le Québécois qui brasse la techno. Il s’appelle Champion et vous invite à une « Ride With Me ».

Cette sélection est un choix personnel, bien sûr. Si vous voulez partager la vôtre, envoyez-nous-la au Journal.

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