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- Agriculture -- Pesticides -

Les néonicotinoïdes

Pierre Lefrançois

Les néonicotinoïdes sont des insecticides qui agissent sur le système nerveux central des insectes. Environ une dizaine de ces molécules chimiques sont employées couramment en agriculture. Ce sont présentement les insecticides les plus utilisés dans le monde.

Le premier néonicotinoïde a été découvert en 1985 par un chercheur japonais à l’emploi de Bayer CropScience, Japan. Dès sa mise en marché, en 1991, son usage s’est répandu à une vitesse fulgurante. On s’est rapidement mis à enrober de néonicotinoïdes les semences de maïs et de soya afin de les protéger contre les insectes ravageurs. Ces produits chimiques sont également épandus sur des cultures industrielles de tournesol, de pommes de terre, de fraises et de raisins. Malheureusement, ils se dégradent difficilement, ce qui fait qu’ils s’accumulent dans les plantes, les animaux, le sol, l’air et l’eau.

En 2012, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA) publiait les résultats d’études indiquant que trois néonicotinoïdes largement utilisés en agriculture étaient probablement responsables de l’effondrement des colonies d’abeilles dans le monde.

Depuis 2018, les milieux scientifiques considèrent généralement que « l’exposition chronique à ces insecticides largement utilisés affecte les abeilles et de nombreux autres invertébrés ». De son côté, l’AESA a confirmé la toxicité pour les abeilles domestiques et sauvages des trois néocotinoïdes que sont l’imidaclopride, du clothianidine et du thiaméthoxame.

En plus de toucher les polinisateurs essentiels à la production agricole, ces insecticides affectent divers invertébrés, dont les vers de terre, et des vertébrés comme les oiseaux et les petits rongeurs.

On en trouve désormais dans 97 % des échantillons d’eau des rivières situées dans les régions de production intensive de maïs et de soya, telle que l’Armandie. Des chercheurs estiment qu’une telle exposition environnementale pourrait éventuellement entraîner des troubles de développement du cerveau chez les humains.

Le principe de précaution

Tout cela a progressivement mené les autorités de l’Union européenne à adopter un nouveau règlement sur les pesticides, qui prévoit d’interdire toutes les substances intrinsèquement dangereuses en vertu du principe de précaution. Les néonicotinoïdes sont donc visés et les produits de l’agriculture qui en renferment, comme le maïs, le soya et le canola canadiens, pourraient se voir interdire l’accès au vaste marché européen. Il va sans dire que le gouvernement du Canada s’oppose farouchement à un tel règlement et se montre ouvertement hostile au principe de précaution. Il en va de même pour les États-Unis et plusieurs autres pays qui autorisent encore l’usage massif des néonicotinoïdes en agriculture. Les fabricants et distributeurs de ces insecticides mènent également une intense offensive de lobbyisme auprès des autorités européennes en vue d’empêcher l’application du nouveau règlement. D’ailleurs, la Commission européenne envisage déjà de faire des concessions afin d’augmenter les limites maximales de résidus de néonicotinoïdes à respecter dans les produits agricoles importés.

 

 

 

 

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