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Le Sac à Mots : apprendre le français dans la sérénité

Nathalia Guerrero-Vélez

Photo : Nathalia Guerrero Vélez

Tous les mardis, les élèves du programme de français offert par l’organisme à but non lucratif le Sac à Mots se rendent au 706, Rue du Sud à Cowansville. Certains participent aux ateliers de francisation depuis plusieurs années tandis que d’autres, venus d’une autre province ou d’un pays lointain, ne le font que depuis quelques mois. Une multitude d’origines et de nationalités sont représentées dans la classe.

Le matin, ce sont les débutants qui se rencontrent tandis que, en après-midi, ce sont les élèves du groupe intermédiaire qui relèvent, à leur tour, l’immense défi de maîtriser la langue capricieuse de Baudelaire et de Malraux.

Gabrièle Laliberté, coordonnatrice du programme, explique que cinquante pour cent des étudiants sont des étrangers, vingt-cinq, des anglophones canadiens ou américains tandis que les anglophones de la région composent le dernier quart.

« Chez moi, en Guinée, on parle le malinké, confie Saran, qui étudie à Massey Vanier. Personne ne parle ma langue ici. C’est pour cette raison qu’il est très important pour moi d’apprendre le français… Aussi pour pouvoir parler avec ma petite sœur, qui est née ici et qui ne parle que le français. » Âgée de 17 ans, la jeune femme est arrivée à Cowansville en 2018 avec sa mère et ses cinq frères et sœurs. « Elle avait intégré la classe d’accueil à l’école primaire, explique Gabrièle Laliberté, mais au niveau secondaire, il n’y a pas de classe d’accueil pour les étudiants allophones. Nous avons intégré deux étudiantes de Massey Vanier dans nos ateliers. Nous avons de plus en plus de demandes, les nouveaux immigrants non francophones étant de plus en plus nombreux. »

Kathleen, une ancienne enseignante de l’école primaire Heroes Memorial de Cowansville, participe également aux ateliers. Originaire de l’Île-du-Prince-Édouard, elle a toujours travaillé en anglais. Elle s’est installée dans la région après avoir rencontré son amoureux, un francophone d’ici.

« Le Sac à Mots c’est comme le Super C, confie pour sa part Alan Hebert, un Albertain marié à une Québécoise et qui habite dans la région depuis 2012. C’est beau, bon et pas cher. »

L’ambiance durant les ateliers est détendue et joviale. Les élèves semblent s’exprimer sans éprouver de gêne tandis que les relations paraissent empreintes de complicité et de solidarité. « Ici on ne fait pas d’évaluation, explique Gabrièle Laliberté, qui donne ces ateliers depuis plusieurs années. De plus, à la différence du ministère de l’Immigration, nous ne demandons aucun papier à ceux qui souhaitent suivre notre programme ; tous sont bienvenus. »

« Nous organisons des sorties, ajoute-t-elle, car il ne s’agit pas seulement de participer à une formation, mais bien de vivre une expérience. Les gens viennent chercher ici l’esprit communautaire et dans certains cas, ça devient leur deuxième chez-soi ».

Malheureusement, les cours de français offerts par le Sac à Mots ne sont pas gratuits car l’organisme ne reçoit pas de financement pour ce programme. Si la mission première de l’organisme est l’alphabétisation, le besoin pour les ateliers de français a toujours été là et est même grandissant, observe la coordonnatrice, qui ajoute que l’équipe est tout de même toujours en quête de solutions quand il s’agit d’aider les personnes en difficulté ou n’ayant pas les moyens de participer.

Le SAM offre également du tutorat individuel en jumelant bénévoles et étudiants. C’est le cas de Leticia Ferrer, professionnelle et enseignante d’origine mexicaine arrivée à Cowansville en 2018. « Nous avons une trentaine de bénévoles qui rencontrent, en ligne ou en personne, des gens qui, comme Leticia, ont besoin de pratiquer le français, souligne Gabrièle Laliberté. Il y a des très belles histoires d’amitié qui se sont tissées comme ça. »

Joceline, une autre jeune participante aux ateliers de francisation, confie que la langue française est difficile à maîtriser. Étudiante à Massey Vanier et résidente de Sutton, elle agit comme interprète et traductrice pour ses parents, qui ont encore du mal à comprendre le français et à s’exprimer dans cette langue.

C’est l’heure de la pause et les étudiants en profitent pour se dégourdir les jambes. Ils discutent de leur sortie prochaine à la cabane à sucre et de leur impatience à déguster les délices sucrés qui invitent le printemps. Ils semblent s’entendre pour dire que ces bons moments passés ensemble leur font oublier momentanément les efforts énormes qu’ils doivent déployer pour apprendre une nouvelle langue et comprendre l’esprit d’une autre nation.

 

 

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