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Des citrouilles et des courges

Paulette Vanier

Cette citrouille que l’on creuse et illumine le soir de l’Halloween ou cette autre que tout au long de l’été on entoure de petits soins dans le but de lui faire atteindre une taille frisant l’indécence, ce potiron en forme de gros camembert orange, cette courgette que, pour être de bon ton, l’on s’obstine à appeler zucchini, ce pâtisson qui se prend pour un bonnet-de-prêtre, ces courges turban-de-turc, Butternut, Buttercup, Hubbard, poivrée, musquée, cocozelle, à trompe d’Albenga, à cou tors, à cou droit, à moelle, spaghetti,  etc., tous et toutes, sans exception, ont pour ancêtres des plantes appartenant au genre botanique Cucurbita et qui ont été domestiquées il y a 5000 à 10i000 ans par les Indiens du Mexique, de l’Amérique centrale et de l’Amérique du Sud.

Toutefois, ce n’était pas leur chair, mince et amère, voire toxique, que consommaient à l’origine les Amérindiens mais leurs graines, qui constituaient une riche source de nutriments, particulièrement de lipides. Avec le haricot et le maïs, originaires de ces mêmes régions, ils disposaient donc de trois plantes qui avaient le très grand intérêt de combler tous leurs besoins en ces trois nutriments essentiels que sont les protéines, les glucides et les lipides. N’importe quel nutritionniste moderne paierait cher pour avoir eu le premier l’idée d’une telle combinaison alimentaire !

Les trois soeurs

C’est ainsi que les Amérindiens appelaient ces trois plantes, qu’ils cultivaient ensemble selon un système fort ingénieux : les semences de courge étaient plantées au centre d’une butte de terre tandis que celles du maïs et du haricot étaient mises en alternance à l’extérieur. Les tiges rampantes de la première protégeaient les racines des deux autres des rayons ardents du soleil, la tige droite et solide de la seconde offrait un support à la troisième pour grimper, tandis qu’elle-même favorisait la croissance des deux autres grâce à cette propriété qu’ont toutes les  légumineuses  de fixer l’azote atmosphérique dans le sol. Bien sûr, les Amérindiens ignoraient ce dernier détail que les scientifiques découvriront beaucoup plus tard, mais ils avaient observé que cette trinité fonctionnait à merveille et donnait d’excellents résultats. N’importe quel agronome moderne rêverait de prendre un brevet sur une telle fruits dont la chair, plus abondante et plus douce, a perdu toute toxicité. Les plantes du genre Cucurbita étant d’une nature très sociable, toujours prêtes à lier connaissance et à se croiser entre elles, une panoplie de fruits de formes, couleurs, textures, tailles et saveurs différentes finiront par apparaître. A tel point que, dans le milieu des cucurbitologues, on chuchote que ceux qui ont tenté de recenser toutes les variétés existant aujourd’hui y ont laissé leur raison. D’autant plus que les fruits de la  très grande majorité d’entre elles n’ont jamais vu les étals des marchés et que certaines ne survivent que grâce à la ténacité d’une poignée de collectionneurs gardant jalousement le secret de leur origine.

Ressources : les membres du Programme Semencier du Patrimoine Canada offrent les semences d’une impressionnante variété de courges et de citrouilles, dont certaines très rares.

Boîte postale 36, Station Q, Toronto, Ontario, M4T 2L7, Canada.

Téléphone : (905) 623-0353.
www.semences.ca/fr.html.
Le coût de l’adhésion est de 30$ par année.

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