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- Des êtres et des herbes -

Bourrache, mélisse et millepertuis : pour la joie de vivre !

Annie Rouleau

La bourrache

Déception, deuil, dépression, épuisement… autant d’états riches de souffrances et de tristesse. Cette boule au creux de l’estomac qui alourdit jusqu’au souffle.

La tristesse n’est pas une tare, mais elle peut rapidement devenir la source d’une grande vulnérabilité physique. Selon la médecine traditionnelle chinoise, de longues périodes de chagrin blessent le cœur et les poumons. Cela provoque de sérieuses fuites dans les réserves d’énergie vitale, portant gravement atteinte à la capacité de résistance du corps. Les poumons sont d’une importance capitale dans la production du Qi, qui est la source de notre vitalité. Le cœur est quant à lui le siège du Shen, que l’on peut nommer l’esprit, ou la conscience supérieure. C’est « l’Amour qui embrasse tout », la sagesse, la capacité à percevoir tous les aspects d’une question. Le grand sage Taoïste chinois Zhuang Zi écrivit jadis ces mots éloquents :

Lorsque le soulier sied, le pied est oublié.

Lorsque la ceinture sied, le ventre est oublié.

Et lorsque le cœur (Shen) est bien, le « pour » et le « contre » sont oubliés.

Même sans comprendre à fond les notions du taoïsme, on peut comprendre qu’il est difficile de préserver l’équilibre et la santé quand ces deux organes sont affectés et quand on puise dans des sources d’énergie aussi importantes. Plusieurs maladies peuvent en découler. Mais revenons sur la tristesse.

Outre le travail sur soi, l’apport de beauté et de délicatesse est primordial lorsqu’on aborde le chagrin. Les plantes choisies ici sont des Belles de Jour, gorgées de soleil et exhalant le délicat parfum de la vie.

D’abord la bourrache, avec ses fleurs si bleues qu’on les croirait taillées à même la voute céleste. La bourrache est utilisée pour soutenir en cas de burnout. Elle tonifie les glandes surrénales en douceur. Elle redonne, ni plus ni moins, le courage de continuer. Par exemple, aux nouvelles mamans un peu tristes, juste parce qu’elles sont trop fatiguées. Ou encore, aux femmes qui pressentent la ménopause avec inquiétude. La plante, étant rafraîchissante, est d’autant plus indiquée ; qui ne connaît pas l’impact des bouffées de chaleur ?

Aux hommes aussi, ceux qui ont le cœur sur la main et qui, manquant d’énergie, ont l’impression qu’ils pourraient l’échapper.

La bourrache n’est pas très goûteuse. Elle s’associe bien à la mélisse. Celle-ci parfumera l’infusion et apportera ses propres qualités. Maurice Mességué écrit : « aux amoureux transis, aux pères de familles inquiets, aux femmes tourmentées, aux désespérés, aux éternels vaincus de l’existence, je conseille cette herbe magique qui requinque, qui rend leur tonus et leur joie de vivre aux plus mélancoliques ». La mélisse affecte les zones du cerveau qui régissent l’humeur et les émotions et permet de prendre un recul bienfaiteur. On l’appelle la plante du bonheur. C’est tout dire.

Toutes deux se préparent en infusion à raison d’une petite cuillérée de chacune par tasse d’eau. La bourrache ne présente aucune contre-indication. La mélisse est à prendre avec précaution pour les hypo-tendus et les personnes souffrant de glaucome. Autrement, on conseille de prendre quelques tasses par jour pendant plusieurs semaines.

Et pour terminer, le millepertuis. Il fait malheureusement l’objet d’un débat : les pharmaciens demandent à avoir l’exclusivité de la vente de produits à base de millepertuis. C’est que la plante a un haut potentiel d’interaction avec un grand nombre de médicaments. Je crois personnellement que peu importe la plante que l’on choisit de prendre, il est impératif pour quiconque étant sous médication — quelle qu’elle soit —de vérifier à fond les possibles interactions entre les plantes et les médicaments de synthèse. Cela dit, le millepertuis est un des antidépresseurs naturels les plus connus, et reconnus. On a démontré dans des études1 qu’il est aussi efficace que les produits de synthèse communément utilisés à cet effet. On parle de dépression légère à modérée, de troubles psychosomatiques et de dépression saisonnière ou liée à la ménopause.

La fleur du millepertuis (Photo : Gaude J-M)

Le millepertuis demande plusieurs semaines d’usage avant de manifester ses bienfaits. La plante entière sous forme de teinture, ou concentré liquide, est préférable à l’extrait standardisé, bien que ce dernier soit plus publicisé. Consultez les spécialistes que vous connaissez pour de plus amples renseignements et gardez à l’esprit que l’automédication a ses limites et que la connaissance est le meilleur allié.

Un événement organisé par la Guilde des herboristes aura lieu le samedi 27 juin prochain au Jardin Botanique de Montréal. La plante de l’année : le millepertuis !

Note :

1. Efficacy and tolerability of Hypericum perforatum in major depressive disorder in comparison with selective serotonin reuptake inhibitors : a meta-analysis. Rahimi R, Nikfar S, Abdollahi M. Prog Neuropsychopharmacol Biol Psychiatry. 2009 Feb 1;33(1):118-27.

Meta-analysis of effectiveness and tolerability of treatment of mild to moderate depression with St. John’s Wort, Fortschr NeurolPsychiatr. 2004 Jun;72(6):330-43. (German). Roder C, Schaefer M, Leucht S.

(liste non exhaustive)

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