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- Affaires municipales -

Élections municipales en Armandie

Entrevues
François Renaud

Photos : François Renaud

François Renaud poursuit ici la série d’entrevues pré-électorales entamées dans le dernier numéro. Rappelons que les élections auront lieu le dimanche 5 novembre dans les municipalités où plus d’un candidat se présenteront à la mairie ou à l’un ou l’autre des sièges de conseillers.

VILLE DE BEDFORD

Population : 2 700 citoyens
Budget annuel : 5 millions de dollars

Cest en novembre 2013 qu’Yves Lévesque a fait le saut du monde des affaires à celui de la politique municipale en remportant les élections à la mairie de Bedford avec 70 % des votes exprimés. À la veille de se représenter pour un second mandat, monsieur Lévesque nous trace un bilan de ce qui a été accompli au cours des quatre dernières années et nous donne un aperçu de son programme pour les quatre années à venir.

« Quand je suis arrivé en poste, en 2013, il y avait un dossier brûlant sur la table : la réfection des infrastructures de l’aréna municipal. Le conseil municipal s’y est attaqué de front, en adoptant une stratégie de collaboration : dans un premier temps, nous avons convaincu les municipalités de la grande région de Bedford* de collaborer financièrement au projet, puis nous avons élargi notre offre en approchant d’autres municipalités environnantes. Saint-Alexandre, Saint-Sébastien, Henryille, Clarenceville et Venise en Québec se sont jointes à notre projet si bien que, aujourd’hui, ce sont les citoyens de 12 municipalités qui peuvent profiter des installations de l’aréna. Quand on sait que celui-ci accueille en moyenne 1500 visiteurs par semaine, je crois qu’on peut commencer à parler de retombées économiques intéressantes pour les commerçants de Bedford. »

Pour monsieur Lévesque, cette expérience a fait la démonstration que la collaboration inter-municipale est la bonne manière de faire face aux problèmes de croissance que connaît la région. Dans ce contexte, le Projet Héritage de la société Graymont offrira une autre occasion de prouver que l’union fait la force.

« Au cours des prochains mois, précise monsieur Lévesque, Graymont devrait remettre à la municipalité de Bedford un terrain d’environ 80 acres. C’est un terrain encore zoné agricole, mais les municipalités environnantes ont fait équipe avec nous pour présenter une demande de dézonage, ce qui va donner davantage de poids à notre demande. Comme il est déjà équipé de services tels que l’électricité, l’aqueduc, les égouts et l’Internet par câble, nous prévoyons en consacrer une partie à la création d’un développement domiciliaire, ce qui nous permettra d’accueillir de nouvelles familles, tandis que l’autre partie deviendra un parc industriel régional, où s’établiront de petites entreprises dont les activités seront orientées vers la transformation du calcaire. »

En matière de services, monsieur Lévesque estime que la situation s’est également améliorée : malgré les nombreuses réformes du Ministère de la santé, Bedford a su conserver son CLSC et, au cours des 24 prochains mois, le CHSLD pourra profiter de nouveaux investissements ; vers le début octobre, on devrait annoncer que la Résidence Lambert (destinée aux personnes âgées) a un nouveau propriétaire qui compte rénover et agrandir ses installations ; la municipalité a également mis sur pied un camp de jour qui offre des options en équitation, danse et sport, et qui, cette année, a accueilli pas moins de 150 jeunes ; dans le cadre du projet Municipalités amies des ainés (MADA), elle s’est associée à la Fédération de l’âge d’or du Québec (fadoq) afin d’améliorer les aires de repos et ajouter des équipements qui faciliteront et amélioreront la vie des aînés.

Au chapitre de la sécurité, la municipalité s’est livrée à une opération d’émondage qui a permis de redonner toute son intensité à l’éclairage public et, au cours des prochains mois, il est prévu de remplacer les ampoules actuelles par des DEL, plus lumineuses et moins énergivores. En matière d’environnement, la municipalité a amorcé un virage significatif : deux bornes de recharge électrique ont été installées, l’une au parc Adrien Tougas et l’autre dans le stationnement de l’aréna ; la nouvelle surfaceuse de la patinoire est désormais mue à l’électricité et, dorénavant, le directeur des travaux publics se déplace à bord d’une voiture électrique.

Au terme de notre entretien, monsieur Lévesque tenait à conclure notre rencontre non pas sur une, mais sur trois notes positives… Primo, l’annonce que l’entreprise Filtration Québec serait la première à s’installer dans le nouveau parc industriel et annoncerait bientôt la construction d’une usine de 9000 pi2 ; secundo, que l’école Premier Envol serait bientôt dotée d’un nouveau gymnase d’une valeur de 2 millions de dollars, financé à 93 % par le Ministère de l’éducation et à 7 % par la Commission scolaire du Val-des-Cerfs ; tertio, que la Fromagerie Missiska s’apprêtait à investir environ 400 mille dollars pour la construction de ses installations de transformation à l’entrée nord de la municipalité de Bedford… Belle manière de conclure une entrevue pré-électorale, non ?

*Saint-Armand, Pike River, Notre-Dame-de-Stanbridge, Saint-Ignace de Stanbridge, Stanbridge Station et Canton de Bedford.

STANBRIDGE EAST

Population : 870 citoyens
Budget annuel : 1,4 million de dollars

Monsieur Greg Vaughan est maire de Stanbridge East depuis 18 ans, soit quatre mandats et demi. Appelé à remplacer le maire précédent à mi-mandat, Greg Vaughan s’est représenté quatre fois et, à chaque occasion, il a été élu par acclamation. À ce jour, aucune rumeur ne laisse supposer que ce sera différent pour le cinquième mandat qu’il sollicitera en novembre prochain.

« En ce qui concerne les défis que Stanbridge East a eu à relever au cours des quatre dernières années, nous dira monsieur Vaughan, on peut les résumer en un mot : routes. Au cours des dernières années nous avons entrepris de refaire le chemin Riceburg et ces travaux sont pratiquement terminés. Quand ils le seront, nous nous attaquerons au chemin Beartown, mais à 100 000 dollars du kilomètre, faut faire attention aux finances ! Nous tentons, le plus possible, de financer ces travaux grâce aux redevances de la taxe sur l’essence que nous verse le gouvernement du Québec.

« L’autre problème majeur que nous ayons eu à affronter concerne également le réseau routier : l’intersection de la route 202 et de la 237 est, depuis plusieurs années, le théâtre de collisions hebdomadaires. Comme ces routes sont sous la juridiction du Ministère du transport du Québec nous ne pouvions rien faire par nous-mêmes. Mais cette année, la responsabilité de ces tronçons de routes a été transférée du bureau de Longueuil à celui de Sherbrooke, où nous avons trouvé une oreille beaucoup plus attentive. Le MTQ a décidé de réduire la vitesse à 70 km/h et nous a promis d’entreprendre un nettoyage visuel qui devrait améliorer la sécurité des automobilistes. Pour sa part, notre municipalité envisage de se procurer des panneaux lumineux invitant les automobilistes à réduire leur vitesse à l’approche de l’intersection.

« À part ça, on peut dire que tout va plutôt bien à Stanbridge East. Nous avons commencé à consulter nos concitoyens dans le but de rédiger un plan stratégique, et ce qui est ressorti de ces premières consultations peut se résumer en deux mots : statu quo.

« La grande force de Stanbridge East repose sur ses bénévoles qui participent à chaque année aux deux événements qui marquent la vie du village : le piquenique du 1er juillet, dont les profits sont versés aux pompiers de la municipalité, et l’Applepie festival, dont les profits sont versés au Musée Missisquoi. »

Si vous souhaitez rencontrer le maire de Stanbridge East en personne, je vous conseille d’aller à la prochaine édition de l’Applepie Festival : depuis près de 20 ans, Greg Vaughan y tient le rôle d’« expert en crème glacée »… C’est lui qui déposera une belle boule de crème glacée sur votre morceau de tarte bien chaude !

PIKE RIVER

Population : 526 citoyens
Budget annuel : 888 000 dollars

Cest en 2009, que monsieur Martin Bellefroid a assuré pour la première fois le rôle de maire de Pike River en acceptant d’assumer l’intérim de son prédécesseur, monsieur Ernest Gasser. En novembre 2013, c’est le jour même du vote que son adversaire s’est désisté, ouvrant toute grande la porte à une élection par acclamation. Au moment de notre rencontre, à la mi-septembre, personne n’avait fait connaître son intention de contester la candidature de monsieur Bellefroid.

« Au cours du mandat qui s’achève, nous dira Martin Bellefroid, les enjeux que nous avons eu à affronter se sont concentrés sur trois volets. Le premier est le projet de prolongation du pipeline de TransCanada Pipeline visant à doubler sa capacité d’exporter du gaz naturel, en réponse à la demande de la Vermont Gas. Pour nous, l’enjeu n’en est pas un de principe, mais essentiellement de sécurité : nous voulons nous assurer que le nouveau pipeline sera enfoui à une profondeur suffisante pour éviter les incidents dus au gel et au dégel. En ce sens, nous avons demandé au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) de tenir des audiences, mais cette manœuvre ne sera probablement pas nécessaire grâce à la médiation de l’Union des producteurs agricoles dans le dossier. On nous a promis d’apporter une réponse satisfaisante à nos craintes d’ici la fin de l’année 2017.

« Le deuxième volet de nos préoccupations concerne la vitesse des véhicules qui traversent notre municipalité en empruntant les routes 202 et 133. Bien sûr, la signalisation du Ministère des transports du Québec (MTQ) impose une vitesse de 50 km/h, mais ce n’est pas toujours évident de faire respecter cette limite. Dans ce contexte, la municipalité a fait l’acquisition de panneaux lumineux qui informent les automobilistes de leur vitesse à l’approche de la zone de vitesse réduite. Combinée à une surveillance policière un peu plus active, cette mesure a eu un effet positif certes, mais la situation est encore loin d’être parfaite.

« Toujours dans le cadre du volet circulation, nous aimerions améliorer la sécurité des piétons, en créant des trottoirs le long de certaines zones uniquement routières, mais ce dossier relève, lui aussi, de la responsabilité du MTQ… Les approches ont été faites, reste plus qu’à attendre.

« Le troisième volet de nos préoccupations concerne la rivière. Au cours des dernières années, nous avons travaillé à élaborer un plan de développement stratégique, et ce qui est ressorti de ces consultations c’est que notre population souhaite que nous mettions la protection de la rivière et l’accès à ses berges au centre de nos préoccupations.

« En matière de protection, la deuxième édition du Festival de la tortue à carapace molle – une initiative privée menée en collaboration avec le zoo de Granby – a déjà permis de sensibiliser le public aux enjeux de la protection de l’environnement de notre rivière. Et je crois qu’il nous faut tabler là-dessus pour aller plus loin. Il est exact de dire que cette rivière est franchement charmante, mais malheureusement méconnue. Méconnue, parce qu’elle est inaccessible. Au cours des prochaines années, nous allons donc travailler, en collaboration avec les propriétaires riverains, à aménager des aires où nos concitoyens et les visiteurs pourront profiter du calme et des charmes de la rivière. De fait, il nous appartient d’en faire un attrait touristique de premier plan, afin de montrer qu’il fait vraiment bon vivre à Pike River. »

FRELIGHSBURG

Population : 1 000 citoyens
Budget annuel : 1,7 million de dollars

Cest en 2011, que monsieur Jean Lévesque fait son entrée sur la scène de la politique municipale de Frelighsburg en assurant la relève d’un conseiller municipal. Réélu conseiller en 2013, c’est par acclamation qu’il sera élu au poste de maire en 2015, suite à la démission de monsieur Jacques Ducharme.

« Au cours du dernier mandat, nous dira Jean Lévesque, le grand dossier que nous avons mené à bien est celui des communications sans fil. Durant de longues années, Frelighsburg s’était taillée une réputation peu enviable en étant la seule municipalité de la région à être coupée du monde : pas de signal télé, pas de réseau Internet, impossibilité d’utiliser un téléphone portable ! Cette situation loufoque était due aux pressions exercées par des groupes de citoyens préoccupés, et avec raison, par l’érection de tours de retransmission qui auraient défiguré le paysage exceptionnel de notre municipalité.

« Plutôt que de forcer les choses, nous avons choisi d’aborder le problème avec une touche de cartésianisme en allant d’abord chercher un maximum d’informations techniques, puis en évaluant soigneusement nos besoins. Suite à cet exercice, nous nous sommes rendu compte qu’il était possible d’assurer une bonne couverture du signal sans nécessairement construire des tours qui auraient concurrencé la Tour Eiffel. Nous avons fait part de notre analyse à nos concitoyens et tous ont accepté notre projet, lequel était fondé sur le principe suivant : un maximum de couverture pour un minimum d’impact visuel. Aujourd’hui, nous avons les tours de retransmission les plus basses de la région, des tours qui sont pratiquement invisibles, mais qui permettent de couvrir efficacement toute la municipalité.

« Maintenant que nous sommes enfin entrés dans le 21e siècle, il nous faut penser à la suite. Et la suite, ça s’appelle la relève. Et la relève, ça s’appelle la jeunesse. Pour les prochaines années, le défi auquel nous devrons nous attaquer est facile à identifier : comment créer les conditions propices qui amèneront des jeunes à choisir Frelighsburg pour y travailler, s’y établir, y fonder une famille et y mener une vie agréable et enrichissante ? Mais si le défi est facile à identifier, les avenues de solutions ne sont pas aussi évidentes à cerner.

« Oui, les jeunes connaissent notre municipalité, oui, ils sont séduits par les paysages, le contact avec la Nature, oui, ils sont intéressés à s’établir chez nous… Mais où et, surtout, à quel prix ? La quasi-totalité de la municipalité est zonée verte et il nous faut respecter la vocation agricole de notre région. Mais les règlements de zonage actuels ont été conçus en fonction d’une agriculture industrielle qui est impraticable sur des surfaces accidentées comme les nôtres. Je crois qu’il nous faut travailler avec des jeunes qui ont une vision alternative de l’agriculture, comme les propriétaires de la Grelinette, à Saint-Armand, la coopérative Les Jardins du Pied de Céleri, à Duham, ou les Jardins de Tessa, ici-même à Frelighsburg. Il nous faudra travailler de concert avec de jeunes entrepreneurs qui ont une vision différente de l’agriculture, afin de convaincre la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) d’ajuster sa règlementation en fonction des besoins de ces jeunes agriculteurs qui ont une vision non-conventionnelle de leur pratique, qui entendent pratiquer une agriculture de proximité qui maximisera le rendement des terres et leur permettra d’offrir des produits différents qu’ils pourront vendre à bon prix directement aux consommateurs des environs, plutôt que de les brader en les vendant en bloc aux géants de l’alimentation. Une telle approche est possible et existe déjà dans d’autres régions du Québec, mais son ingrédient de base est la patience !

« L’autre défi qui nous attend lors du prochain mandat sera la construction d’une nouvelle caserne de pompiers. Actuellement, nos quatre véhicules sont répartis sur trois sites différents, ce qui a pour conséquence que, avant de se rendre sur les lieux d’un sinistre, nos volontaires doivent d’abord se poser la question : où est le camion ? On ne peut pas dire que ce soit franchement efficace. Par ailleurs, la bonne nouvelle dans ce dossier c’est que la construction de cette nouvelle caserne ne devrait pas nous ruiner : nous savons déjà que 70 % des coûts seront couverts par une subvention du Ministère des affaires municipales ; le reste sera couvert par les profits de la vente récente du bâtiment sis au 46, rue Principale, bâtiment qui abritait, entre autres, la Société d’histoire et de patrimoine de Frelighsburg. Quant à la caserne actuelle, nous allons la convertir en garage municipal, ce qui nous permettra de centraliser nos véhicules, lesquels sont, eux aussi, éparpillés sur le territoire.

« En résumé, la vie est plus que belle à Frelighsburg et il ne tient qu’à nous que ça demeure ainsi et que, dans la mesure du possible, ça aille même en s’améliorant. Mais pour ça, il nous faut rester sensibles aux besoins de nos concitoyens, gérer consciencieusement l’argent des taxes et, surtout, faire preuve d’imagination pour développer notre région dans le bon sens, c’est-à-dire orientée vers l’avenir. Pour ce faire, il nous faudra travailler d’arrachepied pour convaincre la CPTAQ d’adapter sa règlementation aux besoins de la relève afin de donner aux jeunes le goût et, surtout, les moyens de venir s’installer chez nous afin d’entreprendre une révolution agricole qui est plus que nécessaire. »

VILLE DE DUNHAM

Population : 3680 citoyens
Budget annuel : 5,3 millions de dollars

À Dunham, le poste du maire sortant, à qui nous avons donné la parole dans notre dernier numéro, sera contesté par monsieur Louis Belley, un citoyen qui habite la municipalité depuis 2011 et qui est un (jeune) retraité de la fonction publique fédérale où, durant des années, il a agi comme représentant, puis comme négociateur syndical.

« En matière de politique municipale, j’ai fait mes débuts en 2013 où j’ai sollicité un mandat à titre de conseiller, ici à Dunham. Au décompte du vote par anticipation, je menais largement la course sur mes deux adversaires… Mais, au soir de l’élection, j’ai terminé la course “bon troisième” ! », confiera monsieur Belley, avec un large sourire.

Loin d’abandonner son désir de servir la collectivité, Louis Belley a été, au cours des quatre dernières années, président du comité des bénévoles de la bibliothèque municipale, ce qui lui a donné l’occasion de côtoyer de près l’administration municipale et d’en mesurer ce qu’il considère comme de graves lacunes : « D’abord, au plan des communications, l’administration est totalement inefficace. Si l’on veut se tenir au courant des enjeux municipaux, il faut absolument assister aux débats du conseil municipal et poser nos questions lors de la période des questions… Où l’on nous promet une réponse à la prochaine assemblée municipale. Ainsi, chaque assemblée débute-t-elle par les réponses aux questions du mois précédent, séance de réponse qui s’allonge souvent sur quarante minutes, ce qui fait fuir les citoyens venus assister aux débats proprement dits.

« Ma deuxième source de mécontentement, ce sont les “dérogations mineures” qui sont accordées régulièrement par le Conseil et qui sont en contradiction totale avec le plan d’urbanisme. Un tel laxisme a pour conséquence que certains citoyens s’appliquent à faire leurs travaux en parfaite conformité avec les règlements de la municipalité, tandis que leur voisin, lui, obtient une dérogation pour construire une structure, un garage par exemple, qui est 40 % plus grosse que la norme établie et qui est une horreur visuelle. C’est inadmissible !

« Mais là où je suis en total désaccord avec l’administration actuelle, c’est sur sa vision de l’avenir et sur son projet de nouvelle bibliothèque. Je suis bien placé pour savoir que la bibliothèque actuelle convient parfaitement aux besoins de nos concitoyens ; quant à l’idée de la transformer en clinique médicale, je suis loin d’être convaincu que ce sera utile, voire possible. Actuellement, un jeune médecin qui souhaite s’installer ici, à Dunham, n’est pas autorisé à le faire par le Ministère de la santé, lequel juge que le territoire est bien desservi en terme de ratio médecins/patients. Quand aux médecins “séniors” qui auraient la liberté de le faire, il nous faudra, pour les attirer, leur consentir de multiples avantages – bail symbolique ou congé de taxes – qui, en bout de ligne, seront financés par les deniers publics. À mon sens, ce projet de nouvelle bibliothèque doublée d’un centre médical est un éléphant blanc et un gaspillage de fonds publics.

« Quand à la présumée “vision d’avenir”, qui se concentre sur le développement domiciliaire, j’estime que c’est non seulement une vision à court terme, mais une vision suicidaire. Il est question, par exemple, d’acquérir l’actuel vignoble du Centaure pour le transformer en un domaine habitable qui pourrait accueillir 40 unités d’habitations… Bonjour la vision ! Dunham, berceau de la viticulture au Québec, qui rase un vignoble pour le remplacer par des rangées de maisons… Absurde !

« À court terme, il est vrai que, par le biais de la taxation, la municipalité pourra compter sur de nouvelles entrées d’argent, mais à moyen et long terme, quelles seront les conséquences ? Moi, je prédis que nous allons assister à un exode de la population qui a choisi Dunham pour sa tranquillité, pour le contact facile avec la nature, pour la qualité des relations interpersonnelles. J’ai habité Saint-Hilaire durant une vingtaine d’années, et c’est exactement ce qui s’est produit : j’ai fui la vision banlieusarde pour retrouver la campagne ici. Grossir pour grossir, ça n’est pas une vision d’avenir, c’est un réflexe d’obèse.

« Actuellement, nous sommes dans la situation du type qui est en train de construire sa maison et qui décide subitement de se détourner de sa tâche pour aller passer des vacances en Floride ! C’est pour protester contre cette situation que j’ai décidé de me présenter à la mairie. Je me présente afin que les ressources financières de la municipalité servent d’abord à améliorer la situation des citoyens qui sont déjà là. Je suis d’avis que l’argent de la municipalité doit d’abord servir à améliorer le sort de ceux qui payent déjà des taxes, plutôt que d’être dépensé pour attirer d’éventuels résidents qui n’en payent pas encore.

« Avant d’investir sur un nouveau projet de bibliothèque, avant d’envisager la création d’un développement domiciliaire, je me propose d’asphalter les rues des quartiers qui ne le sont pas encore, je veux travailler à raccorder un maximum de résidences à un réseau d’eau potable et d’évacuation des eaux usées. Je veux profiter de l’érection du nouveau poste de la Sureté du Québec, lequel sera raccordé au réseau de Cowansville, pour prolonger ce réseau et desservir le quartier de Prairie Beach.

« En somme, en matière de dépenses publiques, je veux m’assurer que l’argent de la municipalité soit dépensé en prenant d’abord en compte le mieux-être des citoyens de Dunham, ce qui, de toute évidence, n’est pas le cas aujourd’hui.

« En matière de services, tels la collecte des ordures, la récupération, l’entretien des routes ou le déneigement, je compte m’appliquer à développer un système d’entraide inter-municipal dans le cadre duquel nous pourrons partager divers équipements qui, aujourd’hui, ne sont pas utilisés à leur plein potentiel.

« Finalement, en matière de communication, je compte publier à chaque mois un bulletin qui rendra compte de tous les enjeux discutés au Conseil. Dans ce bulletin, chaque conseiller disposera d’un espace où il devra rendre compte de ses activités du mois ; s’il n’a rien à dire, cet espace restera blanc et il reviendra aux citoyens de juger de l’efficacité des actions de leurs représentants.

« Dunham est un lieu où il fait vraiment bon vivre, et je suis convaincu que nous pourrions y être encore mieux… Dans la mesure où l’administration municipale s’attaquera aux enjeux vraiment prioritaires, c’est-à-dire au mieux-être des citoyens qui y vivent déjà ! Pour ma part, c’est exactement ce que je compte m’appliquer à faire si mes concitoyens me font l’honneur de m’accorder leur confiance au jour des élections. »

Notre-Dame-de-Stanbridge

Population : 673 citoyens
Budget :  millions de dollars

À Notre-Dame-de-Stanbridge, après huit ans à la mairie, madame Gendreault a choisi de ne pas se représenter. Monsieur Daniel Tétreault a donc décidé de relever le défi et de poser sa candidature.

« Après deux mandats à titre de conseiller, je ne suis plus vraiment un néophyte en matière de politique municipale et, comme j’aime le service citoyen, j’ai décidé de faire le saut et de briguer la mairie », confiera Daniel Tétreault, que nous avons rencontré dans le bureau de son garage de mécanique automobile.

« Au cours des quatre dernières années, notre administration municipale s’est beaucoup impliquée dans le dossier MADA et nous avons bien travaillé : nous avons installé des tables à piquenique et des bancs afin que les aînés puissent profiter d’espaces pour se reposer et se retrouver ; nous avons participé à l’organisation de la Fête du 1er octobre en défrayant 33 % des coûts du dîner et nous avons assuré la livraison de portions de gâteau dans les résidences de personnes âgées.

« Par ailleurs le dossier qui aura monopolisé l’essentiel de nos efforts est celui de l’aréna de Bedford dont j’ai assumé la responsabilité au nom de la municipalité de Notre-Dame. En collaboration avec Yves Lévesque, je ne suis pas peu fier d’avoir réussi à convaincre une douzaine de municipalités de se rallier autour de ce projet qui est aujourd’hui un franc succès et qui fait la preuve que lorsque les municipalités décident de travailler ensemble, il n’y a pas de problème insoluble.

« Je suis contre les fusions municipales, mais je suis un ardent défenseur de la collaboration, du travail en équipe. En ce sens, après les élections, je me propose de travailler à relancer le projet de parc industriel qui, ces temps-ci, bat un peu de l’aile parce que certaines municipalités ont décidé de se désengager de la démarche. Je vais travailler à ramener tout le monde ensemble afin que nous puissions en faire un projet authentiquement régional où tout le monde pourra profiter des retombées.

« Lors du prochain mandat, notre administration municipale aura un gros dossier à gérer, soit celui de l’aménagement du centre communautaire où nous voulons rassembler sous le même toit la bibliothèque, le bureau de poste – qui est aujourd’hui dans une résidence privée – ainsi que l’entrepôt municipal où nous pourrons enfin rassembler nos équipements roulants et les matériaux qui servent à la voierie.

« Nous allons également continuer à collaborer au dossier de la fibre optique et nous allons nous préparer à l’arrivée de la collecte des bacs bruns qui se pointera le nez vers l’automne 2018. Dans ce dernier dossier, nous allons préparer une campagne de communication visant à la fois le recyclage et le compostage, de sorte que nos concitoyens soient bien au fait de la nature exacte des matières qu’il convient de mettre dans chacun des bacs, le bleu et le brun.

« Notre-Dame-de-Stanbridge est une belle municipalité dynamique où il fait vraiment bon vivre. Depuis trois ou quatre ans, le comité de développement stanbridgeois organise, à la mi-août, La Fête dans l’rang qui est une sorte de fête des récoltes et où les participants peuvent visiter une ferme et se familiariser avec les nouvelles pratiques agricoles ; au mois d’octobre nous allons tenir la troisième édition de l’OktoberFest, une fête populaire qui s’articule autour de la découverte de la bière. À Notre-Dame, nous avons une église, une école, un service de pompiers, une épicerie de qualité, deux salons de coiffure et deux garages de mécanique automobile ; en fait, en termes de services, on peut dire que notre municipalité est autosuffisante, et j’entends bien mettre tous mes efforts à maintenir le dynamisme exemplaire de cette belle vitalité. »

Stanbridge-Station

Population : 275 citoyens
Budget : 704 000 dollars

Après deux mandats à la mairie de Stanbridge Station, Gilles Rioux, que nous avons rencontré en plein travail dans son verger, nous avouera qu’il a hésité longuement avant de prendre la décision de se représenter au poste de maire.

« Franchement, je suis exaspéré par les lenteurs administratives auxquelles se heurtent continuellement les administrations municipales. On a le Ministère des affaires municipales, le Ministère du transport, le Ministère de l’environnement qui nous envoient régulièrement des formulaires à remplir. Toutes ces administrations nous posent en gros les mêmes questions… mais dans le désordre ! Si bien que, plutôt que d’avoir à répondre à un seul questionnaire centralisé, notre directeur général doit remplir trois formulaires distincts, ce qui, bien sûr, lui prend trois fois plus de temps… Et nous coûte trois fois le prix ! Pour une petite municipalité comme la nôtre, cette perte de temps, d’énergie et d’argent devient significative quand vient le temps de faire notre bilan financier annuel.

« Mais ça, ce n’est que le premier volet du problème ! L’autre source de frustration réside dans les délais de réponses : 60 jours pour l’un, 90, pour l’autre… Et ça, c’est quand on ne nous demande pas un complément d’information. Si ces gens-là étaient des agriculteurs, ils seraient incapables de gérer adéquatement les récoltes avant que l’hiver arrive ! Ces lenteurs administratives restreignent la capacité des administrations municipales à prendre des décisions rapides qui pourraient nous permettre de mieux servir les citoyens. Moi, je crois qu’il est grand temps qu’on remette l’intérêt du citoyen au cœur même de la machine administrative gouvernementale. »

Une fois soulagé, Gilles Rioux nous a tracé à grands traits les améliorations que sa municipalité avait connues au cours des quatre dernières années : « Nous avons commencé par ériger un arborétum au centre duquel nous avons planté une dizaine d’érables dont le feuillage va, au fil des années, dissimuler l’usine de l’ancienne St. Lawrence Milk qui trône au beau milieu du village. Les nouveaux propriétaires de l’usine et des bâtiments connexes, soient monsieur Luc Dupuis et l’entreprise DÉNEX, ont investi dans leurs bâtiments, si bien que, aujourd’hui, il y a une sorte de rigueur et d’organisation qui a fait place au fouillis visuel que nous avons connu auparavant.

« Au cours du prochain mandat, nous allons continuer dans la même direction : nous allons encourager les propriétaires à rafraîchir leurs immeubles, de manière à donner davantage de cachet au village et attirer de nouveaux résidents. Au cours des quatre dernières années, notre municipalité a vendu trois terrains constructibles, et une nouvelle maison a déjà été érigée. Au cours du prochain mandat, nous allons encourager le propriétaire des deux autres terrains à construire à son tour et nous allons tenter de vendre le terrain dont nous sommes toujours propriétaires.

« Dans le même ordre d’idées, il y a toujours un îlot zoné blanc à l’entrée est du village et nous allons tenter de convaincre le propriétaire d’en faire un petit développement domiciliaire. Rien de pharaonique, bien sûr, mais je crois qu’il pourrait y avoir de la place pour accueillir une bonne demi-douzaine d’habitations.

« Stanbridge Station est une petite municipalité qui se relève lentement, très lentement, de la fermeture de l’usine qui avait fait sa prospérité. Mais aujourd’hui, il y a de l’espoir. Nous avons quelques jeunes familles qui ont choisi de s’établir chez nous, il y a des enfants qui jouent dans le parc et, sur les trottoirs, tout le monde se connaît et se salue… En somme la vie revient lentement et nous allons tout faire pour que ce mouvement continue. »

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