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L’Horloge du Chemin de Chambly

La saga des Demers (6e partie)
Robert Demers

LaFontaine et Baldwin, les chefs du mouvement réformiste et les Pères du gouvernement responsable.

Édouard René Demers est reçu notaire

La cléricature d’Édouard René Demers ayant pris fin, il commença la pratique du notariat le 11 décembre 1838 à Henryville. C’était un retour au lieu où avait débuté sa cléricature. Le notaire Demers s’établit définitivement à Henryville. En 1841, la Province du Canada-Uni fut mise en place par le gouvernement britannique avec une assemblée législative ; on y interdit l’usage du français, mais sans donner suite à la proposition de faire un gouvernement responsable. La première élection de la législature de la Province du Canada-Uni a lieu en 1841. Le patriote Louis-Hippolyte LaFontaine qui, durant la rébellion, avait été emprisonné pendant un mois sans qu’on l’ait accusé formellement, se présenta aux élections et se fit élire député au parlement du Canada-Uni. Les anciens patriotes du Haut-Canada, l’Ouest, et du Bas-Canada, l’Est,  forment bientôt une alliance de réformistes et contrôlent la législature. Louis-Hyppolyte LaFontaine, de l’Est et Robert Baldwin, de l’Ouest du Canada-Uni, deviennent les leaders de cette législature.

En joignant les patriotes du Haut-Canada, Louis-Hippolyte LaFontaine réussit à se faire élire premier ministre par les réformistes et à obtenir que le gouvernement soit responsable devant l’assemblée des élus, l’un des objectifs des patriotes du Bas-Canada et du Haut-Canada ! Tout un retournement des choses ! Mieux encore, il se leva en chambre et s’adressa à tous en français, la langue interdite. Ce fut un moment exceptionnel de notre histoire. Le français redeviendra langue officielle grâce à Louis-Hippolyte LaFontaine et à la sagacité de Denis Benjamin Papineau, le frère de Louis-Joseph qui, faisant partie des conservateurs, réussit à convaincre ses collègues de demander l’annulation de la clause de l’Acte d’Union qui interdisait l’usage du français dans les documents législatifs afin de damer le pion aux réformistes. En agissant ainsi, il réussit à obtenir un appui général au rétablissement du français comme langue officielle. Dans ces circonstances, la Grande-Bretagne ne pouvait qu’accepter de modifier la constitution du Canada.

En 1840, le premier régime municipal avait été établi dans le Bas-Canada par le gouverneur général. Henryville fait partie du District municipal de Saint-Jean, un territoire allant de Longueuil jusqu’à la baie Missisquoi. Les paroisses élisent les conseillers du district municipal. Comme l’écrit Lionel Fortin, auteur de Les municipalités du Haut-Richelieu à la page 215 : « … il est intéressant de voir que ce sont les anciens patriotes de 1837-1838 qui ont été parmi les premiers à se retrouver aux commandes du pouvoir municipal dans ses commencements. Et par ce fait même, ils ont pu prendre leur revanche en politique en implantant une tradition de démocratie et de stabilité dans nos institutions municipales ». Plusieurs patriotes bien connus de Me Demers en profitent pour se faire élire. On retrouvera un grand nombre de ces personnes tout au long de sa carrière.

L’alliance avec Joseph Gariépy

 C’est à cette époque que Me Demers se lia avec Joseph Gariépy, un patriote d’Henryville qui est marchand général. Cet homme originaire de Sainte-Anne-de-la-Pérade fut commis au magasin du marchand Pierre Bureau dont il épousa une des filles, Adélaïde. Pierre Bureau a été élu sept fois, pour le Parti canadien et ensuite pour le Parti patriote. Joseph Gariépy est l’un des patriotes de Henryville qui a été emprisonné en 1838. Il a toutefois été libéré sans procès. Édouard René Demers étant aussi un patriote, il allait de soi que Joseph Gariépy soit l’un de ses clients. L’alliance de Gariépy et de Demers est typique de celles que l’on retrouve chez les patriotes dans les années qui ont suivi la rébellion.

C’est le domaine scolaire qui permettra en premier lieu à Me Demers de passer à l’action. Il partage, avec le curé de la paroisse de Saint-Georges d’Henryville,  Jean-Baptiste Abraham Brouillet, et le marchand général Joseph Gariépy, l’opinion que des mesures doivent être prises pour améliorer le niveau d’éducation des résidents de Henryville. Demers connaît bien le curé Brouillet, ils ont tous deux des liens avec le collège de Chambly.

École des commissaires d’Henryville

Comme notaire, Me Demers observe que bon nombre des clients qui le consultent sont illettrés. Le curé Brouillet sait que la majorité des marguilliers de la paroisse ne sont même pas capables de signer leur nom. Quant à Joseph Gariépy, il a des contacts quotidiens avec la classe agricole et voit bien que le niveau d’éducation des francophones est insuffisant et bien inférieur à celui des anglophones de la paroisse.  L’action par la municipalité de district, en matière d’éducation, se fait attendre malgré que la loi scolaire ait été adoptée.  Une requête pour obtenir une corporation scolaire catholique est rejetée, les catholiques étant minoritaires à Henryville. Me Demers convainc le curé Brouillet et M. Gariépy qu’il faut prendre des mesures unilatérales. Le 17 décembre 1843, on convoque, dans la sacristie de l’église, une réunion pour nommer des commissaires d’école sans tenir compte de l’application de la loi. On y retrouve le curé Brouillet comme président, ensuite, comme commissaires, deux protestants, puis un Irlandais anglophone, mais catholique et, enfin, trois Canadiens français, dont Joseph Gariépy. La commission scolaire parallèle ne durera qu’une année, mais elle forcera la main des autorités qui se verront alors obligées d’agir. Une commission scolaire, légale cette fois, fut établie en 1845 et des commissaires, protestants et catholiques, anglophones et francophones, furent élus, le curé Brouillet agissant comme président. Me Demers fut nommé secrétaire-trésorier de la commission scolaire, poste qu’il occupa pendant plusieurs années.

(suite au prochain numéro)

 

 

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