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- Édito -

VOUS AVEZ DIT ÉCONOMIE SOCIALE ?

La rédaction

Jean-Yves Duclos, ministre fédéral du Développement social dans le gouvernement de Justin Trudeau, annonçait récemment la création d’un groupe de travail « pour relancer l’économie sociale à l’échelle nationale », et définir les orientations de la prochaine Stratégie canadienne sur l’innovation sociale et la finance sociale. Il semble que le développement social et son financement entrent dans une nouvelle phase : l’économie sociale tient désormais une place reconnue dans les affaires de notre monde et dans l’esprit des autorités chargées de la gestion du développement. Récemment encore perçue comme le parent pauvre de l’entreprenariat ou, tout bonnement, comme une lubie issue de l’esprit dérangé de quelques « pelleteux de nuages », cette forme d’économie semble finalement s’imposer par la force des choses. Se pourrait-il que l’on se trouve à l’aube d’une ère post-capitaliste ?

Lors du 3e Forum mondial de l’économie sociale, qui se déroulait à Montréal les 7, 8 et 9 septembre, Jean-Martin Aussant, directeur général du Chantier de l’économie sociale au Québec, annonçait la création de la Maison de l’innovation sociale qui aura pignon sur rue au centre-ville de Montréal et qui comportera des antennes locales dans plusieurs régions de la province. L’objectif est d’offrir des services de soutien aux entrepreneurs sociaux, de générer de nouvelles idées en  développement social et de constituer un corpus de recherche et de formation professionnelle en la matière. « On va créer des programmes universitaires pour enseigner des choses qui ne s’enseignent pas en ce moment, explique M. Aussant. J’ai étudié neuf ans à l’université en économie et je n’y ai jamais entendu parler d’innovation sociale, de coopératives ou d’organismes à but non lucratif. […] Il faut diversifier les sources d’information. »*

Le maire de Montréal, Denis Coderre, a ouvert le Forum mondial de l’économie sociale en soulignant le caractère incontournable de cette forme d’activité économique dans le développement des villes de la planète. « La tenue de ce forum mondial envoie un message clair. […] On ne définit plus le monde en termes de continents ou de pays, mais bien en termes de villes  », a-t-il souligné. « On se rend compte que l’avenir passe par l’économie circulaire et l’entrepreneuriat collectif », a-t-il ajouté par la suite aux journalistes qui voulaient en savoir davantage.

Développer autrement

C’est dans cet esprit que la Société de développement de Saint-Armand a abordé le dossier des connexions Internet insuffisantes dans notre région : les fournisseurs privés n’offrent pas de services adéquats ? Alors, prenons les choses en main et offrons-nous le service dont nous avons besoin. Au fond, c’est de ça qu’il s’agit quand il est question d’économie sociale : les citoyens prennent les choses en main pour se donner les services que l’entreprise privée n’est pas intéressée à leur offrir.

Terminée l’époque où l’on acceptait les yeux fermés les arguments voulant que l’installation d’un réseau de fibre optique en milieu rural est impensable parce que le prix à payer est hors de portée. Ces arguments ne tiennent que dans la logique d’actionnaires désirant maximiser leurs bénéfices rapidement et sans égard au bien commun. Pour une entreprise de l’économie sociale, de tels arguments ne se défendent plus puisque ses administrateurs, qui sont de simples citoyens, éduqués, bien informés, et non des spéculateurs ou des financiers, pensent qu’un réseau de fibre optique sera utile et rentable durant quelques décennies et qu’il n’est pas nécessaire d’en exiger des rendements financiers faramineux en quelques années. Il faut savoir qu’un réseau de fibre optique, ça signifie une connexion Internet, un service téléphonique et un accès aux programmations télévisuelles à la hauteur des attentes de la population d’aujourd’hui.

C’est pourquoi les administrateurs de la Société de développement de Saint-Armand étaient à Ottawa le 20 septembre dernier, pour s’assurer que les quelque 500 millions que le gouvernement Trudeau a promis de consacrer à brancher le Canada ne se retrouvent pas exclusivement dans les goussets des grands fournisseurs privés de connectivité numérique qui ont fait la preuve qu’ils n’ont aucune intention de nous offrir le seul service pouvant réellement répondre à nos besoins : un bon réseau de fibre optique, pas du câble coaxial ou téléphonique comme au siècle dernier, ou encore des relais radio aléatoires qui entraînent des interruptions de service au gré des intempéries ou de toutes autres variations climatiques…

En toute logique, faisons place à l’économie sociale et exigeons de nos élus qu’ils nous appuient dans cette démarche. Ceux de Saint-Armand et de Notre-Dame-de-Stanbridge ont déjà signifié leur appui, de même que le député de Brome-Missisquoi à Ottawa, Denis Paradis, qui déclarait récemment en chambre « la fibre optique devrait aujourd’hui être considérée comme un service public essentiel ».

*Les propos de Jean-Martin Aussant et de Denis Coderre sont tirés d’un article publié dans Le Devoir le 8 septembre 2016.

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